TDK Trilogy - Tome I : Combattre la peur
Batman Begins est le premier film de la trilogie cinématographique consacrée au mythe moderne de l'homme chauve-souris, par le réalisateur confirmé Christopher Nolan. Il met aux prises Christian Bale, dans le rôle principal, ainsi que les récurrents de la franchise, à savoir Michael Caine (Alfred Pennyworth), Gary Oldman (James Gordon) et Morgan Freeman (Lucius Fox).
Il est bien difficile d'écrire une critique de ce film sans avoir la tête au chef d'oeuvre que ce dernier prépare, à savoir The Dark Knight, le tome II de la trilogie.
Dans ce récit, Nolan s'intéresse avant tout à poser les bases de la pensée de Bruce Wayne, ses peurs, surtout, mais aussi son obsession de la justice saine et non-violente. Comme on peut le penser, Nolan s'attaque donc à revisiter l'intégralité de l'histoire de Batman, afin de redéfinir à sa manière les contours de la mythologie.
Car il s'agit bien là de mythologie au sens moderne du terme, c'est-à-dire à l'ensemble des croyances d'un peuple, ou d'une civilisation. Ce qui rend Batman si populaire est, en premier lieu, qu'il n'a aucun pouvoir particulier, et en second lieu, qu'il tire sa force de tout ce qui tourmente chacun d'entre nous : l'injustice. C'est de ça que tout le personnage dépend, et donc des angoisses communes d'un peuple, autrement dit de la représentation que nous en faisons, à travers Batman.
Dans ce premier film, l'item principal est celui du combat contre ses propres peurs. On pourra comprendre que les deux films suivant montrent aussi un combat, mais d'un autre genre, avec un Batman plus serein dans ses idéaux.
On pourrait écrire des pages entières sur ce que ce personnage extraordinaire inspire dans notre société urbaine occidentale. Nous nous en tiendrons ici au film en lui-même.
Il est certain qu'en tant qu'objet cinématographique, Batman Begins n'est pas un film primordial et incontournable. La mise en scène, bien que réfléchie, reste assez basique pour un film de super-héros. Le scénario n'est pas haletant. Et, surtout, le film manque cruellement d'un méchant digne de ce nom.
Il ne faut cependant pas sous-estimer la force de certains symboles que Nolan dissémine courageusement ça et là. A titre d'exemple, toute la première partie du film s'avère être une (discrète) démonstration des maux causés par la détention d'armes aux Etats-Unis. A-t-on déjà vu, dans un film à gros budget américain, un héros jeté une arme à feu, à l'eau ?
En bref, Batman Begins reste un bon film de super-héros, très touchant pour ceux qui sont fascinés par le mythe créé par Bob Kane (dont je fais partie, vous l'aurez compris - ce qui explique aussi ma note), mais relativement plat pour les autres spectateurs. Son défaut est presque une qualité : il est une nécessité à la colossale suite de 2008. Mais ne pouvons-nous pas le "défendre" en invoquant le fait, tout simplement, qu'une trilogie nécessite une rampe de lancement qui ne peut pas, par définition, atteindre la hauteur de l'objet mis en orbite ?