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Le premier Batman de Burton a un aspect sale et râpeux pour l’œil qui le rend plutôt désagréable à voir, et l’empêche de bien vieillir. Dans ce film, son troisième, le réalisateur cherchait encore son style et hésitait entre le monde du rêve et de la féérie, qui le caractérise aujourd’hui, et le monde réel, qu’il fuit comme la peste.

Trois ans plus tard et un "Edward aux mains d’argent" après, Burton retrouve Batman, et inversement. Mais cette fois, il s’approprie réellement le film. Le point commun des films de Burton est qu’ils présentent un personnage unique, rejeté, différent, qui ne demande qu’à exister et à se faire une place dans le monde. Edward, Ed Wood, Willy Wonka, Ichabod Crane (bref, Johnny Deep), de par leur apparence, leurs obsessions ou leurs ambitions, se voient interdire le monde réel, le monde des adultes, et se réfugient dans un univers de solitude et d’êtres monstrueux. A leur image. On ne peut évidemment s’empêcher de penser à Burton lui-même, qui doit certainement donner vie, film après film, aux créatures et aux traumatismes de son enfance.

"Batman Returns" (pourquoi l’ont-ils traduit par "Batman, le défi" ? Quel défi ?) est une véritable galerie des monstres. C’est d'ailleurs à eux qu’il est dédié. Aux déviants, aux anormaux, aux humiliés. Batman est mis au second plan. Il n’est qu’un monstre parmi les autres, réduit à une silhouette mélancolique, pas vraiment héros, ni complètement justicier. On est bien loin des évidences pseudo-intellectuelles de Nolan. Avec ce film, Burton nous présente son univers, et utilise celui de Batman comme un prétexte, ou comme une porte d’entrée.

Les personnages dominants sont Catwoman (Michelle Pfeiffer, dangereuse et sublime, qui embellit de scène en scène) et le Pingouin (Danny DeVito, méconnaissable). Selina Kyle, secrétaire (ou assistante ?) sage, frustrée et réduite à des tâches bien en-dessous de ses capacités, devient Catwoman, libre, forte et insoumise. C’est sa nouvelle personnalité qui fait d’elle un monstre aux yeux du monde. Le Pingouin, lui, est un vrai monstre ("a genuine freak"). C’est ce qu’il est qui le rend dangereux et détestable, même pour ses parents, montrés dans la scène d’ouverture, muette, irréelle, burtonienne.

Par des décors dédaléens, des costumes et des maquillages extravagants, et les mouvements quasi-poétiques de ses monstres, Burton réalise le film qui lui ressemble le plus, probablement son meilleur film, et définitivement le meilleur Batman.
AlexLeFieutard
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le 8 août 2013

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