Carte Blanche pour le Chevalier Noir

Après le succès du "Batman" de 1989, la Warner demande à Tim Burton de réaliser une suite. Moyennement intéressé, le réalisateur se voit accorder une quasi carte blanche en guise de motivation. Résultat : il se lâche complètement !

Ainsi, si le premier film était teinté d'expressionnisme allemand, cette suite y plonge complètement, avec des références plus ou moins explicites au cinéma des années 20 (Max Schreck faisant référence à "Nosferatu", le costume du Pengouin est claqué sur le Dr Caligari, etc.). Mais surtout, des visuels sombres et complètement dingues. Qu'il s'agisse des décors intérieurs ou extérieurs cauchemardesques, des costumes originaux, ou de certains plans très impressionnants, Tim Burton est en très grande forme.

Tandis que le scénario en profite pour tacler le système américain, égratignant ici la population crédule en quête de héros du jour, et le monde politique. Sans compter diverses références religieuses qui ajoutent de la profondeur à l'ensemble. L'intrigue soigne également ses méchants, chacun des trois ayant son background bien développé et des motivations distinctes. Les trois acteurs (Danny DeVito, Michelle Pfeiffer, Christopher Walken) semblent d'ailleurs beaucoup s'amuser devant la caméra.

Le Bruce Wayne torturé et solitaire incarné par Michael Keaton (qui s'accorde aussi quelques touches d'humour) est plus en retrait, mais c'est visiblement une volonté maintenue par Burton. Laisser le chevalier noir en arrière plan, telle une figure mystique et violente, et se centrer sur des psychopathes qui menacent la ville. De manière certes moyennement vraisemblable, mais peu importe, le film affiche clairement un ton plus cartoonesque que réaliste.

On soulignera également la très jolie BO de Danny Elfman, qui a ajouté de beaux thèmes en sus de celui de Batman (exit les tubes pop !), et les effets visuels très réussis pour l'époque.

"Batman Returns" est au final une suite de haute volée pour le célèbre justicier, qui sera malheureusement contre-balancée par les deux volets suivants...