La féline.
Après son Edward et ses mains d'argent, Tim Burton revient faire un tour dans l'univers qu'il avait mis en images avec le premier Batman, et le truc sympa, c'est que le Timothy enlève, cette fois,...
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le 20 mai 2013
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Rares sont les suites supérieures ou égales au film d'origine. Parmi elles, "Terminator 2", "L'empire contre attaque", "Le Parrain 2", " The Dark Knight" et ce "Batman Returns", oeuvre clôturant la duologie de Burton sur l'homme chauve-souris, qu'il avait lancée avec le Batman de 89. S'il est une chose à préciser, c'est que le cinéaste nous livre son travail ultime sur le personnage, un métrage encore plus fouillé, encore plus émouvant que tout ce qu'il avait pu faire jusque là.
Parce qu'ici, ses personnages ne sont plus de pauvres bêtes schizophrènes; non, ils ont évolué. Passant du simple stade de tarés primaires à celui de divines créatures de la nuit, tous gagnent une personnalité unique. D'autant plus que le casting est entièrement renouvelé; si l'on omet Keaton, Hingle (interprète du Commissaire Gordon) et Michael Gough (Alfred), c'est une foule de nouvelles têtes que l'on apercevra tout du long; de Pfeiffer à De Vito, avec un soupçon de Walken en prime, c'est une nouvelle approche qu'aborde Burton.
J'irai même jusqu'à dire qu'il humanise ses personnages; il les rend plus humains, plus proches de nous, mais en même temps plus monstrueux. Car dans le monde de Burton, qui est homme est bête, et qui est monstre ne sera que la parfaite union entre la bête et l'homme. Le thème de l'animalisation des personnalités est un enjeu phare des oeuvres de Burton; Batman, Catwoman, le Pingouin, femme-chat contre homme chauve-souris, Pingouin perdu dans une société d'hommes méprisants.
Car "Batman Returns", c'est un film sur le rejet des autres et l'acceptation de sa propre personnalité grâce à tous ceux qui nous ressemblent; si Batman accepte d'être à la fois homme et héros, c'est qu'il aime Catwoman. Il a trouvé son alter-égo féminin, quelqu'un comme lui, son exact opposé : il est homme, elle est femme, il passe son temps à protéger le peuple, elle se complet dans le vol et la violence. L'un est le yin de l'autre, l'autre est le yang de l'un.
Au milieu de tout cela, un Pingouin dramaturge, un pauvre type qui te ferait fondre en larme le plus noir des coeurs de pierre; un Danny qui s'allie à l'autre Danny, Elfman cette fois ci, pour des scènes d'un lyrisme meurtrier, d'une beauté fatale; à l'image d'une Catwoman féline et tentatrice, l'enrobement concernant l'homme est pure merveille et fatalité des passions.
Car s'il désire être homme, il ne le pourra jamais; trop différent, trop atypique, trop peu conventionnel, c'est une quête morte-née dans laquelle il s'engage; aucun des pauvres bureaucrates qu'il tente de séduire, pas une seule de toutes ces femmes superficielles qui s'offrent à lui ne parviendront à l'accepter. Parce qu'au final, si l'on s'intéresse à lui, c'est pour le tourner en dérision : l'homme sous l'animal devient bête de foire, source d'amusement et de dégoût.
C'est cela pour le triptyque de personnages : Batman, Catwoman et ce divin Pingouin, aucun des trois ne sera accepté par le monde, au point de se réfugier dans une mythologie qu'ils créent à chaque instant. Se réfugiant dans la nuit, ils se dissimulent au grand jour dans une pénombre épaisse, se complaisent à jouer les monstres, pour ne point devenir des bêtes de foire. L'un effraie les criminels, l'autre les riches s'étouffant d'un trop plein d'argent, le dernier terrorise les enfants par sa difformité physique, lorsqu'il est humainement très beau.
Fait d'êtres pathétiques ou magnifiques, d'âmes pures lorsqu'elles ne sont pas souillées par un monde salie par la crasse et la noirceur de pensée, ce Batman Returns étincelle par sa mise en scène gothique et ses instants de lyrisme fous, portés par la sublime partition du génie Danny Elfman, sans qui rien de tout cela n'aurait jamais brillé d'un tel éclat. Et puis, dans tout ce brouhaha monstrueux, une gueule du cinéma, un visage inoubliable, un piétineur d'âmes, un Christopher Walken qui n'en finit plus de se dépasser dans le sombre et le dégueulasse, qui s'impose par sa cruauté non feinte. Ici, l'homme riche, l'homme que tant admirent n'est que velléité démoniaque, sociopathe fini, pervers narcissique.
Batman Returns, c'est donc l'histoire éminemment pathétique d'inadaptés sociaux tentant de goûter aux fruits d'une société qui les rejette, de personnes laides à l'extérieur quand elles sont belles à l'intérieur. Batman Returns, c'est une quête insatiable de vérité sur ses origines, un désir de rendre justice, d'équilibrer ce monde régi par la beauté superficielle et la laideur d'âme. Batman Returns, c'est une histoire d'amour déchirante, une idylle qui oppose trois monstres magnifiques, une aventure Onirique.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Parce que Batman au cinéma, c'est pas qu'une icône du "What else style" ..., 2015, ça a été une foutue bonne année ! Pas tellement, en fait ..., Les meilleurs films de super-héros, Les meilleurs blockbusters et Une vie de cinéphile
Créée
le 9 nov. 2016
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