Avec le départ de Tim Burton s'amorçait la chute de Batman sur grand écran. Soyons clairs : je ne considère pas Joel Schumacher comme un piètre réalisateur, loin de là. Certains de ses films, tel l'excellent Chute Libre ou les corrects Le Client ou Le Droit de Tuer? semblaient faire de lui un observateur acide quoique peut-être complaisant des dérèglements qui sévissent en Amérique. Cela dit, le voir prendre la suite de Burton pour Batman Forever s'était traduit par un ton volontiers plus enfantin et fluo, donnant par la même un coup de canif à la légende. Mais le pire restait à venir, et le pire c'est bien ce Batman & Robin.
Si la dérive crypto-gay qui dénaturait le personnage vous avait déjà horrifié avec Forever, préparez-vous pour une crise cardiaque ici. Par contre, si vous vouliez voir la parodie ultime du Chevalier Noir, c'est un pur moment de bonheur. En terme de mauvais goût, Schumacher vient de franchir un cap qu'il sera dur d'égaler. Le script se révèle incroyablement productif en jeux de mots tout nazes et répliques qui tâchent. Je ne doutais pas qu'on puisse rire avec Batman, mais autant, ça tient presque du miracle! Et le plus beau, c'est que tout le film est dans le même ton.
Pas crédible pour deux sous, George Clooney trimballe sa plus belle mine éteinte en Bruce Wayne. Le vaillant Arnold Schwarzenegger réfrigère Mr Freeze avec une prestation over the top des plus hilarantes. Chris O'Donnell continue son exploration du néant en Robin, et Alicia Silverstone fait une entrée remarquable dans cet étalage de bouffonnerie. Auquel il convient d'ajouter la plantureuse Uma Thurman qui joue à fond la carte du numéro vénéneux. Il est tout bonnement admirable d'avoir réussi à crucifier autant de personnages en un seul film. Un défi relevé haut la main par Warner et Joel Schumacher. Au second, troisième ou centième degré, c'est tout bonnement extraordinaire. Une de ces joies qu'on prend lors de soirées nanars où chaque scène est sujette à une bonne marrade . Par contre, au premier degré, c'est la syncope assurée. À vous de voir.