Après le succès au box office de "Batman Forever", Joel Schumacher garde les rennes de la franchise. Il continue d'orienter le justicier masqué vers un format familial, coloré et kitsch, ici à son paroxysme. Le film sera une déception commerciale. Mais surtout une douche froide critique, détruisant la carrière de quelques uns de ses comédiens, assassinant et humiliant Batman au cinéma. La Warner dut en effet annuler les suites et spin-off en développement, et attendre Christopher Nolan pour oser ressortir le chevalier noir sur grand écran en 2005.
Qu'en est-il de l'arme du crime ? "Batman & Robin" est un beau nanar, empli de mauvais goût et d'éléments foireux. Une ambiance visuelle lorgnant encore plus vers le techno-flashy-fluo, une caméra qui abuse du plan débullé pour se donner un style, des effets spéciaux datés même en 1997... Le pire étant le scénario bourré d'invraisemblances, et des dialogues déplorables, dont bon nombre de jeux de mots ridicules. Certes, Schumacher a voulu rendre un hommage à la série kitschissime des 60's... mais ce n'est pas une excuse au mauvais goût !
Le film s'avère en outre bourré de symboles crypto-gays. Pourquoi pas... mais cela est mal géré, et n'a rien à faire dans un Batman ! Au-delà des tétons apparents sur les costumes, et des gros plans sur les fesses du Chevalier Noir dès les premières minutes du film, les disputes grotesques entre Batman et Robin tiennent plus de la chamaillade entre Renato et Zaza Napoli, que de confrontations super héroïques. Une fois ceci digéré, venons-en aux acteurs...
Arnold Schwarzenegger, visiblement motivé par un salaire astronomique de 25 millions de dollars (soit 25 fois plus que George Clooney), cabotine à souhait en savant machiavélique et mutant. Quelques rares moments d'émotions donnent néanmoins un peu de profondeur à son personnage. Uma Thurman semble sous l'emprise de substances peu orthodoxes, chacun de ses mots sonnant faux. Le personnage de Bane est odieusement trahi, réduit à un cascadeur masqué qui beugle en tapant fort du pied. George Clooney (connu à l'époque uniquement pour la série médicale "ER") a l'air totalement perdu et incarne un Bruce Wayne décontracté, blagueur, apathique, et à l'ouest. Tandis que Chris O'Donnell et Alicia Silverstone font ce qu'ils peuvent, mais n'ont clairement pas les épaules pour sauver un tel naufrage.
Un naufrage qui fera date, haï par les fans de Batman, souvent considéré comme l'un des pires films de super héros, et à propos duquel Schumacher et Clooney se sont même excusés quelques temps après sa sortie...