Sans connaître la vie de BJK, le public lambda peut s'attendre à une comédie feministe tournant en ridicule un macho indécrottable. Il n'en est (malheureusement) rien. De quoi ce film nous parle-t'il ?
De tennis ? Souvent vu à travers une petite lucarne, cette mise en scène très particulière est forte à propos, puisque le sport est ironiquement absent de ce match de tennis. Comme le montre la mise en scène, c'est un élément de décor pour l'intrigue, sans plus.
De bataille pour les droits ? Oui, mais pas de façon réussie. Peu subtile, ramenée çà et là à quelques répliques aussi fines qu'on peut l'imaginer, la lutte pour l'égalité femme homme a rarement été aussi inintéressante. On dit, ça marche et c'est tout : le comment, les obstacles, les péripéties que BJK a forcément dû traverser pour réaliser ce qu'elle entreprend, rien n'est dévoilé. L'écriture pauvre n'aide pas non plus, explicitant tout, ne montrant rien.
D'humour alors ? Le film ayant été marketé comme une comédie, on pourrait s'y attendre ; mais non. Les quelques pitreries de Michael Scott, non pardon, Bobby Riggs, ne suffisent pas à amener un soupçon de légèreté à ce film, qui en a pourtant besoin.
De deux personnes plutôt. Billie Jean King, et Bobby Riggs. Fort bien, un duel de personnalité aussi peut être passionnant ! Mais ce n'est pas non plus le cas ici...
Pourtant, Steve Carell tout d'abord est un très bon acteur ; capable de contre-emploi, de légèreté comme de gravité, sa palette scénique est large et pourrait permettre de brosser un portrait nuancé et drôle d'un personnage connu publiquement pour être l'inverse. Mais non. Carel joue le rôle d'un enfant, hyperactif, inconséquent, obsédé par le jeu, au fond très sympathique mais terriblement copié sur son rôle de Michael Scott de The Office. Sa profondeur est inexploitée, ramenée uniquement à son addiction et à un léger accrochage avec sa femme qui se résoud très vite. Le personnage pouvait être extrêmement banal dans la réalité, qu'importe : c'est au film de raconter une histoire, quitte à enjoliver la réalité. Pourquoi un champion à la retraite irait défier une championne en titre de 20 ans sa cadette ? Pourquoi cet intérêt pour le sport féminin - Riggs ne s'y est pas intéressé uniquement en l'ayant vu à la télé, c'est peu plausible ? Quelle conséquence a eu sa séparation sur sa façon d'appréhender le match ? Que pensait il réellement derrière ses clowneries ? Où commençait le cynique, où s'arrêtaient les convictions ? Aucune réponse n'est apportée, si ce n'est le jeu. De façon assez peu intelligible, et sans aucun doute décevante.
Il nous reste BJK, interprétée par Emma Stone. Connaissant moins sa filmographie, je ne m'étendrai pas sur ses talent d'actrice. L'écriture éclipse de toute manière la plupart de ses interventions. Jamais le film ne nous fait éprouver la moindre sympathie à son égard. BJK est le plus souvent apathique, très rarement en action, à l'horizontale dans la moitié de ses scènes. Elle est également adultère, faisant souffrir son mari Larry King. Ce dernier restera de A à Z son larbin, même conscient de son cocufiage, alors même qu'il a poussé et aidé BJK à créer sa ligue féminine de tennis (silence radio du film à ce sujet). BJK s'entoure également très mal, notamment par sa compagne envahissante Maryline. Mention spéciale à la scène du salon de coiffure, qui devrait servir d'étalon dans la lourdeur à tous les apprentis réalisateurs. Enfin, BJK est dépeinte dans la quasi totalité du film comme traversant une mauvaise passe, ce qui plombe encore un peu plus le peu de dynamisme du personnage.
C'était long, chiant et très décevant au regard du battage médiatique à sa sortie.