Je sors juste de visionner le DVD de Battle Royale. Et j'ai éprouvé le besoin de repasser le début (les 30 premières minutes) car, arrivé à la fin, j'ai pensé que j'avais loupé quelque chose, une clé, par exemple…
Oui, une clé pour comprendre où le cinéaste, Kinji Fukasaku, veut en venir.
Le problème évoqué de cette société (japonaise), c'est que les jeunes sont en rébellion permanente contre les adultes se traduisant par un grand absentéisme à l'école et une désobéissance civile assez généralisée. Ok, pourquoi pas ! même si mon petit doigt ne cesse de me rappeler que les adultes ne sont jamais que d'anciens jeunes et les jeunes de futurs adultes. Ce qui complique quand même les données du problème.
Tout ce que les adultes (puisque les adultes sont au pouvoir !) ont réussi à trouver pour résoudre le problème intergénérationnel, c'est de créer cette loi appelée "Battle Royale". Déjà le nom ne m'inspire guère mais, encore une fois, pourquoi pas … Là, où je coince c'est que cette loi consiste à envoyer une classe, prise au hasard, sur une île déserte où règne la loi martiale et où tout le monde doit s'entretuer dans un laps de temps de 3 jours avec juste à la fin un survivant et un seul. Ce ne sont pas les adultes qui tuent mais les jeunes entre eux ...
Alors il faudra qu'on m'explique en quoi ce massacre d'une classe (prise au hasard) va résoudre le problème intergénérationnel. La valeur de l'exemple ? Mmmouais … D'ailleurs, ce film me rappelle une autre série de films analogues, Hunger Games, sortis dans les années 2012 environ où je m'étais posé la même question et n'avais pas vraiment trouvé de réponse satisfaisante. Et pourtant, dans "Hunger games", l'argument me semblait un peu plus compréhensible (un peu moins farfelu) puisqu'il s'agissait de maintenir la paix entre les États en organisant des jeux mortels entre (jeunes) représentants des États.
Pour revenir à "Battle Royale", le massacre est organisé carrément par leur professeur (Takeshi Kitano) qui donne l'impression de jouir chaque fois qu'un élève se fait dessouder.
Bien sûr, supprimer les élèves me parait un bon moyen de résoudre la pénurie (actuelle) des profs en France … Encore que, si je me mets à la place des élèves, je pense que j'arrêterais immédiatement de faire des études, ce qui aurait l'avantage de me conserver en vie tout en continuant de désobéir. Décidément, je n'arrive pas à comprendre l'argument (qui me parait très foireux) du film …
Continuons par la partie centrale du film qui me parait un peu plus intéressante (= crédible) où on observe les différents comportements des jeunes qui, on s'en doute, constitue une population disparate. On va trouver les jeunes qui préfèrent se suicider plutôt que de participer au jeu de massacre, ceux qui s'associent pour survivre ou les solitaires qui ont des comptes à régler. On découvre les sentiments qui peuvent déterminer le sens des actes ou des comportements entre amour, jalousie, haine, vice …
Un truc qui m'a fait sourire (et me rappelait les films hong kongais ou certains films de Eastwood) c'est l'efficacité des flingues. Enfin, je ne me prononcerai pas sur la capacité de résistance aux balles des jeunes japonais ou peut-être l'innocuité des balles japonaises. À moins bien sûr que ce soit les jeunes qui ne savent pas tirer … Parce que les armes blanches (couteau, hache) semblent un peu plus efficaces.
Un autre truc très réussi dans le film, c'est l'égalité hommes-femmes. Il n'y en a pas un ou une pour racheter l'autre. Hommes ou femmes sans distinction se complaisent à assassiner ou au contraire à fuir.
Au final, je n'ai guère adhéré au film (culte). Les personnages ne sont pas assez développés et de ce fait, ne déclenchent chez moi guère d'empathie. Et comme il y a une quarantaine d'adolescents à dessouder en moins de deux heures, on n'a pas bien le temps de s'appesantir sur tel ou tel personnage. Je me suis même surpris à bailler entre deux exécutions. Les commentaires sur le boitier annonçant une violence de type "Orange Mécanique" sont largement exagérés : en effet, ici, la violence n'est jamais gratuite puisque n'est qu'une réponse à la volonté de survivre.
Film à réserver aux amateurs de scènes gore où l'hémoglobine jaillit avec une certaine esthétique, si, si …