Sous la contrainte
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Voilà un film social chimiquement pur, dénonçant tout le spectre des injustices auxquelles peut être confrontée la classe prolétaire.
Turing, employé d’une imprimerie, apprend la grossesse de sa femme. De composition fragile, celle-ci devra arrêter son travail, aura besoin de coûteux médicaments et passera un long séjour à l’hôpital après l’accouchement de son enfant prématuré. Sans chômage, sans assurance-maladie ni protection sociale, son mari sera contraint d’enchaîner les heures supplémentaires, de continuer à travailler alors que ses anciens camarades sont en grève, et, poussé à bout, finira par tomber dans le banditisme.
Le film nous montre bien les rapports de force à l’œuvre dans la société philippine d’alors, dans un contexte de crise économique et sous la présidence Marcos. Les patrons y sont tout puissants, avec l’emploi de briseurs de grève et un pouvoir politique de leur côté, qui instaure de nouvelles lois pour limiter le droit de grève.
Personnage fier et insouciant, Turing va au fil du récit se confronter à une société qui lui demandera sans cesse de courber l’échine pour pouvoir simplement protéger sa famille. Il ira donc d’humiliation en humiliation : suppliant son patron pour une avance, ses amis et sa famille pour un prêt, l’hôpital pour un échelonnement des frais… le tout avec un désespoir grandissant, jusqu’à l’impasse et cette fin tragique.
La réussite du film tient beaucoup à ce personnage principal rempli d’humanité. Loin d’être idéalisé, il a toutes les tares de l’homme du peuple. On peut le voir être ivre, violent, amoureux, impulsif, inconsidéré, protecteur et, surtout, on le voit se faire humilier, on le voit être acculé, on le voit ressentir la honte d’être pauvre, la honte de devoir abandonner ses amis, la honte d’être incapable de subvenir aux besoins de sa famille, la honte de n'avoir d'autre choix que d'accepter toutes les compromissions, tous les renoncements. Cette honte s’abat sur lui et conditionnera alors tous ses actes, transformant ce fier employé, à son corps défendant, en un larbin docile du capitalisme.
Créée
le 20 juin 2023
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