Beast ne s'adresse clairement pas à un public autre que celui qui cherche un film de survie décérébré, où il ne faut surtout pas réfléchir, sinon chaque scène est un fou-rire en soi : "Allez, je pars tout seul sans arme en pleine nuit, et je me baigne longuement alors que l'eau est infestée de crocodiles...", "Je klaxonne comme ça le lion va me trouver plus vite", "Je ne reste finalement jamais dans la voiture comme Papa a dit, car avec mes 40kg tout mouillé je sais que je vais pouvoir traîner le tonton de 80kg sur plusieurs kilomètres, sans parler du lion qui est là", etc..., oh tiens oui, quelles bonnes idées ! On ne compte pas le nombre de fois où l'on a soupiré en voyant que Beast enfile comme des perles les ressorts narratifs inintelligents, sans jamais chercher à être drôle (il aurait fait un super film cynique à la Aja, si seulement il ne se prenait pas tant au sérieux...). En plus de la flagrante stupidité du scénario, le lion est assez mal fait, alliant un design qui semble crier au spectateur "je suis méchant" (crinière noire, petits yeux vicieux, balafres partout et sang étalé sur tout le museau) opposé aux peluches mignonnes du début ("Simbaaaa") - des fois que l'on ne soit pas en mesure de savoir que c'est lui le méchant... -, les CGI piquent les yeux quand il bouge rapidement (les scènes sur et sous la voiture : ouch...). Remarquons aussi que ce lion a un sens de l'odorat complètement absent, ce qui fait aussi sourire à chaque scène où il frôle Elba et ses filles, on dira que le lion est aussi finaud que les proies qu'il traque, c'est équilibré. N'espérez rien des dialogues ("C'est la loi de la jungle." répété comme un mantra, en pleine savane, franchement on a essuyé une larme de rire), des jeux d'acteurs, de la musique, du cadrage, et des effets numériques (balayons tout cela en une phrase : c'est du bas de gamme pour un budget de 36 millions de dollars). La fin avec
son combat à mains nues
(qu'on voyait venir dès le début, en espérant quand même que le film n'ose pas foncer dans ce cliché niais) nous a achevé. Sans surprise, le film est très rentable auprès du public américain "popcorn", mais de notre côté, on est encore à rêver de ce que Aja aurait pu nous sortir comme bijou d'humour grinçant avec un pareil speech... Quitte à balancer un panel de personnages inintelligents et incohérents, on sait qu'un autre réal aurait fait joujou avec, ce que Beast, ultra sérieux et vantard, ne fait jamais, dommage car il s'est fait bouffer tout cru par son scénar accablant.