La culpabilité, est au coeur de ce film. L'immoralité et l'indignité en font aussi partie, mais la culpabilité ; ça fait tout. Que ce soit pour nos deux personnages ou pour nous, spectateur. On se sent coupable d'aimer ce que l'on regarde et c'est un vrai tour de force de la part de Bertrand Blier. Patrick Dewaere joue tellement bien le rôle du gentil bon beau père... trop gentil même.
C'est évidemment dérangeant de voir un crime romancé au point d'en être banalisé, au point de vouloir connaître la fin du dénouement.
A voir Ariel Besse dans le rôle de Marion, on a presque envie de comprendre Rémy et de tout lui mettre sur le dos. Après tout, c'est elle qui lui fait des avances, c'est elle qui le convainc de commettre l'irréparable, c'est elle qui lui saute dessus malgré qu'il le repousse, c'est elle qui le fait craquer.
Le début du film et ce qu'il raconte est complètement secondaire par rapport à la suite. Martine et son accident, bien qu'ils fassent écho tout au long de l'intrigue dans le tourment de Rémy, passent à la trappe après une demi-heure de démarrage.
Les images sont gênantes, mais pas assez pour nous faire regarder ailleurs, justement, elles creusent la curiosité du voyeur, une curiosité malsaine et scandaleusement douce. C'est cinématographiquement beau, la photographie est très belle. Les plans centrés sur le couple interdit sont transpercent, ils arrivent à nous montrer toute la force du crime conscient qu'ils commettent tous les deux, ensemble. L'immoralité repose sur l'aspect conscient de leur action ; tous les deux savent très bien que ce qu'ils font est incorrect, contre-nature et surtout condamnable, même pour l'époque. Agée de seulement 15 ans lors du tournage, on voit une adolescente se dénuder face à un homme qui a passé la trentaine, ce n'est pas à laisser de coter.
Je ne suis pas encore assez vieux pour être intéressé par les petites filles.
Ça ne passe pas, ça passe très mal en tout cas, surtout à notre époque, peut-être que dans les années 80 cela était plus banalisé, mais la critique ne serait sans aucun doute pas la même si Bertrand Blier aurait réalisé son film dans les années 2000.
Mais la réussite de ce film et sa beauté repose principalement sur son écriture.
Le portrait du père alcoolique et du beau-père héros qui vient sauver la pauvre gamine de 14 ans, en manque de repères et qui grandit trop vite dans un monde d'adulte après la mort de sa mère. Je trouve que le film à très bien vieillit malgré les problèmes qu'il porte à l'écran.