Surprenant petit bijou, ce film surpasse largement l'adaption que Kenneth Brannagh avait fait de la pièce de Shakespeare « Beaucoup de bruit pour rien » (« Much Ado About nothing »).
En effet, là où Brannagh ce contentait d'une adaptation gentillette, certes non dénuée d'un certain charme mais bien trop classique, proprette et par certains cotés franchement cucu ; Joss Whedon prend le risque de la détemporalisation avec succès. Il permet ainsi non pas de moderniser Shakespeare, mais d'exposer la modernité de la pièce et de mettre en évidence son intemporalité en soulignant notamment son apport à la comédie romantique contemporaine. En effet les comédies romantiques d'aujourd'hui (L'abominable vérité, la proposition, tout peut arrivé, jackpot...) proposent toutes le même principe d'opposition des deux personnages principaux. Ceux-ci ayant des caractères diamétralement opposés et se crêpant le chignon tout au long du film, finissent pourtant par tomber amoureux et même dans la plupart des cas par ce marier à la fin du film. Ce schéma est hérité de Shakespeare, et le choix de replacer l'histoire dans un univers moderne, nous permet de nous en rendre compte.
Évidemment cette simple idée ne peut suffire à faire un grand film, mais l'esthétique du film et le choix du noir et blanc lui confère un charme fou. L’atmosphère intimiste du film permet d'exacerber les tensions et surtout de jouir du texte de Shakespeare. Parce que et c'est peut-être là ce qui rend ce film si agréable, c'est le plaisir évident qu'ont les acteurs de réciter ou plutôt d'interpréter du Shakespeare.
Je me rappelle d'ailleurs d'un passage, du « Cercle des poètes disparus » où Robin Williams explique à ses élèves, la force (en particulier comique) de Shakespeare. C'est justement ce que parviennent ici à démontrer les interprètes (mentions spéciales à Alexis Denisof et Nathan Fillion).