"Y'a une pie dans l'poirier. J'entends la pie qui chante." Et alors, Bécassine, c'est ta copine ? Euh, non, pas vraiment, une héroïne d'un autre temps dont on se demandait bien ce que Podalydès pourrait bien lui trouver. A voir son film, on comprend qu'il s'est créé sa propre Bécassine, un rien naïve mais énergique et inventive, nettement moins gourde que la fille des bandes dessinées. D'accord pour le personnage, qui plus est bien défendu par Emeline Bayart, et pas mal accompagné y compris parmi les rôles modestes de Michel Vuillermoz et Vimala Pons, notamment. Mais quid de la mise en scène, très pâle, et du scénario, aussi excitant qu'une chanson de Chantal Goya ? Un peu de kitsch, une grosse part de tendresse, une pincée de burlesque, un brin de poésie : le cocktail n'a rien de détonant, faute de rythme, plombé par un démarrage diésel avec l'enfance bécassinienne traitée de manière médiocre et un peu niaise. A la rigueur, puisqu'on était un peu dans la transgression, on aurait aimé davantage d'aspects féministes et sociaux. Il y a quelque chose de très doucereux et d'oecuménique dans ce portrait de bretonne du début du XXe siècle. Pas assez d'aspérités et d'ironie cinglante comme le réalisateur sait pourtant en instiller dans les meilleurs de ses films. Celui-ci est inoffensif et incolore.