L'intrigue du film est à la fois simple et incompréhensible.
Simple, car les quelques indices semés au début du film contiennent tous les éléments-clés nécessaires à se faire un idée générale de la conspiration à laquelle le protagoniste se retrouve accidentellement mêlé, façon "La mort aux trousses".
Incompréhensible car les (multiples) tentatives d'explication des détails de ladite conspiration me sont passés largement au dessus de la tête, et je ne sais pas si c'est un coup des militaires, des néo-nazis, des communistes ou des mafieux. Je ne conçois rien du but poursuivi par les méchants et je serai incapable d'expliquer qui ils sont.
Ce qui lie cette contradiction et la rend visible, c'est d'une part le pathos, et d'autre part le rythme.
Le pathos car on s'attache au personnage principal, rongé par la culpabilité, vulnérable, qui n'a pas le temps de commencer son deuil qu'il se retrouve dans une volonté contradictoire d'expier pour ses fautes tout en luttant pour sa survie. Cette dualité est très bien exprimée dans les dialogues et le jeu de John David Washington. Il est prêt à mourir de sa propre main ; cependant, mû par la peur, aidé par la chance, il se révèle excellent dans l'art de survivre.
Les acteurs sont solides et les personnages assez nombreux, bien campés et intéressants.
Le rythme de l'action s'enchaîne bien, on passe de dialogues en péripétie sans ennui, avec peu de temps morts et suffisamment de mise en scène pour former un tout cohérent.
La fin du récit est un peu over-the-top mais s'intègre finalement bien dans la résolution personnelle de l'arc narratif du héros.
Cousu de fil de blanc, vaguement nébuleux : par sympathie pour le personnage principal, par curiosité pour le final du scénario, on suit sans ennui mais avec recul le chemin semé de sang et de larmes de cet Orphée qui voudrait rentrer chez lui.