D'un cynisme rare, d'une patte créatrice unique qui rend hommage aux trucages à l'ancienne (Ray Harryhausen) et ponctué de folie douce (tubes délicieux de Harry Belafonte), sur des thèmes de Danny Elfman qui seront peut-être les plus macabres et drôles à la fois que l'on lui connaisse, un pur divertissement de cinéphile. Michael Keaton cabotine avec un plaisir presque indécent pour nos zygomatiques qui finissent le film endolories d'avoir tant ri (la réplique sur l'Exorciste, on ne s'en remet pas), la jeune Wynona Ryder nous offre une performance touchante en tout point pour un personnage suicidaire que l'on ne peut que comprendre avec des parents aussi tordus (hilarant mélange du père soumis et à la ramasse, et d"une femme tyrannique qui fait des œuvres aussi laides que ses crises de colères sont inattendues). Le promoteur immobilier est écœurant à souhait avec son manque évident de scrupules, et le final digne d'un spectacle de cirque haut en couleurs nous ravit et nous fait bien rire. L'ambiance mortuaire qui pourrait être sinistre est toujours contrebalancée par une dérision de notre société qui est aussi drôle que réaliste (les formulaires, la salle d'attente, le conseiller qui s'occupe de nous, etc...) ; et les morts dans la salle d'attente sont bourrés de cynisme (l'aventurier qui s'est fait réduire la tête, le surfeur qui porte au bras le requin qui l'a dévoré, la femme coupée en deux pour un show et qui a finit par être réellement coupée en deux... Quelle imagination !). Les décors de maquettes, chers à Burton, se fondent parfaitement dans l'espace et on est parfois vraiment bernés par ce que l'on croit voir (qui n'a jamais été "eu" par le générique dont la transition est tellement bien masquée entre les décors naturels et la maquette de la maison, que l'on se demande d'où sort cette araignée géante !). Générique qui est d'ailleurs à mentionner pour la musique géniale et entraînante de Danny Elfman (on se l'écoute en boucle). La scène du repas qui tourne à la danse improvisée sur du Harry Belafonte est devenue culte, à juste raison. On s'amuse, on rit, on retrouve nos formulaires jusque dans la Mort (espérons que non), on fait la rencontre de personnages forts, et on prend notre pied comme jamais !