J'ai vu Beetlejuice 2747 fois !...Ah, 2748, avec ce 2.

Ça nous mortifie de ne pas aimer ce Beetlejuice Beetlejuice, alors qu'on voit combien Burton s'est fait plaisir (on n'a pas accroché à tous ses délires, notamment le bébé "Braindead" dont on se demande encore ce que cela fiche là, mais Papy Burton s'éclate : c'est le principal), met de bonnes intentions, un cœur palpitant (avec une arythmie attachante) dans un film de producteurs autrement cadavérique. Ce second opus refait quasiment à l'identique ce que l'on a retenu du premier, comme si les producteurs nous tendaient une check-list, en nous disant : "Tu as vu, y'a la maquette avec la musique, comme l'ouverture du premier !" / "Oui, mais pourquoi ?" / "Coche !... Et la chanson Day-O, le gag de la bouche cousue, la tête de Beetlejuice qui fait "bouh" de dos, le ver des sables, et exactement

la même fin

que le premier film !" / "Oui, mais pourq..." / "Coche !!!"... Allons bon, notre liste de courses est entièrement cochée, on est content... Mais pour ceux que le fan-service abusif inséré au forceps (moins naturel, on meurt) ne trompe pas, on va se l'avouer de suite : le scénario est bancal. On assiste à une succession de scénettes avec des sauts aléatoires de l'une à l'autre, dont la plupart des scénettes n'a vocation qu'à caser des gimmicks (clichés) du premier film, montrer combien Michael Keaton n'y croit plus, que Burton confond la soul avec le disco (demande à Danny Elfman, si tu sais pas), d'inventer une origin-story décevante pour Beetlejuice, ou de suivre cinq minutes un personnage secondaire qui n'a qu'une seule fonction. On a Monica Bellucci qui marche dans des couloirs (et c'est tout) alors qu'on pensait naïvement qu'elle serait la grande méchante de ce 2 (raté...

on se rappelle qu'elle existe à la fin, juste le temps qu'elle se fasse manger par le ver des sables dans l'église... Oui, c'est littéralement la même fin, on nous prend vraiment pour des gogos prêts à revoir dix fois le même film

). On a Justin Theroux qui est le cliché du beau-père insupportable, le jeune homme dont on a capté directement le secret ("Mais pourquoi ses parents sont filmés de dos, et ne disent rien... Ah. Bon, j'ai compris, à dans vingt minutes pour la révélation."), on a en coulisses une équipe technique qu'on adore d'habitude, mais qui a posé ses congés à ce moment-là, on ne voit que cette explication. Que cela soit les décors de Bo Welch, les costumes et maquillages de Colleen Atwood, la musique de Danny Elfman : tout fait bâclé, on retourne voir l'ancien pour se laver les yeux et les oreilles (avec pourtant beaucoup moins de budget, mais des idées pour compenser).

Le film n'a aucun problème à ne pas faire revenir les fantômes Maitland (nos chouchous) sans trop d'explications, mais se complique la vie avec le "cas embêtant" de l'acteur black-listé Jeffrey Jones (on jongle avec de la pâte à modeler moche, du gros platoc doublé par un comédien imitateur vocal, et une histoire à dormir debout, pour faire en sorte que le personnage disparaisse sans disparaître, car "c'est bête", il est le moteur de rencontre des personnages... Damned, il y avait plus simple comme scénario : Monica est méchante, non ? Pourquoi n'a-t-elle pas enlevé Jenna, ou Winona, comme elle était "l'ex" de son amant Beetlejuice, et tout le monde part à sa recherche... C'est peut-être ultra-simple, mais on aurait évité tous ces ronds-de-jambes ridicules avec le cas Jeffrey Jones, et Monica aurait fait autre chose que marcher dans les couloirs). On pourrait durer encore longtemps sur tout ce qui nous a fait soupirer (le gag ringard des téléphones portables à la fin, le rôle incompréhensible de Willem Dafoe - avis de recherche : l'intérêt de son personnage -, les maquillages réalisés au fusil à pompes, les "Bob" dont l'effet spécial "à l'ancienne, mais alors vraiment à l'ancienne : on voit le gars dessous" jure carrément avec les effets numériques ignobles du début - les bouts de Monica... -, l'utilisation en sous-régime des trois actrices de rêve qui sont les têtes d'affiche...), mais, *on reprend notre souffle pour le dire* : on ne peut fondamentalement pas haïr ce Beetlejuice Beetlejuice. Parce qu'on a sourit une ou deux fois (la pierre tombale en forme de dent de requin où est gravé : "Father. Husband. Bird Watcher." en épitaphe, oui, ça nous a eu), et surtout parce qu'on sent à chaque seconde que Burton est content de ce qu'il fait. Contrairement à ses commandes disneyiennes où son nom apparaît dans le générique, sans plus, ici on voit qu'il a lâché les chiens, quitte à verser dans le gore, dans des délires qui le font rire ("et peut importe qui rira avec moi"), et dans une frénésie dont il a le secret. On a l'impression que notre meilleure amie nous a fait des cookies, y a mis tout son cœur, y a passé du temps, et nous demande joyeusement : "Alors, ils sont bons ?". Ils sont infects. Mais on mange, et avec le sourire. C'est au chocolat, ou au cafard ?

Aude_L
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le 23 sept. 2024

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