Le vieux singe sait encore faire la grimace

Si le premier Beetlejuice n’était pas mon Tim Burton favori, le film était original et avait un charme irrévérencieux et loufoque à souhait. Après s’être débarrassé de Beetlejuice et des Maitland, les Deetz ont fait leur vie. Lydia a gagné sa célébrité grâce à l’occulte, mais reste terrorisé par le retour éventuel de Beetlejuice. Sa vulnérabilité en fait une proie idéale pour un escroc, et éloigne sa fille avec qui elle n’arrive pas à créer une véritable connexion. Mais un enterrement, le réveil d’une mariée de l’enfer et la manipulation d’un beau gosse fantôme vont obliger Lydia à demander de l’aide au démon.

Beetlejuice Beetlejuice demande à raisonner en plusieurs temps, en tant que film, en tant que suite et au sein de la filmographie de Burton. Sur ce dernier point, j’ai trouvé le film plus réjouissant que les productions des vingt dernières années. Est-ce parce que Burton revient en terrain familier ou parce qu'il est sur un univers plus libre et moins contraint par des licences ? Le film semble en tout cas moins corseté, je trouve quelques expressions visuelles assez sympathiques (la maison drapée de noir) et le réalisateur réussit à faire fonctionner différents styles d'effets spéciaux et d’effets pratiques dans un tout artistiquement cohérent.

En tant que film, l'histoire et les enjeux sont assez clairs, j’ai particulièrement apprécié les prestations de Michael Keaton et Catherine O’Hara ainsi que la construction de l’univers de l’au-delà, ses costumes, décors et créatures. La scène du gâteau de mariage est particulièrement réussie et j’ai un faible pour Bob, l’employé tête-réduite. Mais les différentes intrigues et développement de personnages sont un peu bordélique et le film patauge un peu, avec une Monica Bellucci clairement ici juste parce qu’elle est en couple avec Tim Burton — retirez-là du film, ça ne change rien ! Par conséquent, les arcs se résolvent de manière expéditive.

Et puis, c’est peut-être là que le bât blesse, il n’apporte pas grand-chose en tant que suite. Au-delà de clins d’œil fan-services pas toujours bien employés (Day-O était la musique des Maitland, pourquoi les Deetz l’aimeraient-ils ?), le film suit gentiment les pas de son prédécesseur, sans jamais surprendre. Heureusement que Michael Keaton est à fond dans son jeu qui donne un peu de peps à l’ensemble. On peut espérer que ce film aura au moins redonné un regain créatif à son réalisateur. Mais je suis un peu dure avec lui, comme souvent avec les suites qui doivent bien plus justifier de leur existence. Si le film nous laisse un peu sur notre faim et qu’il contient des faiblesses, je ne me suis pas ennuyé devant.