Ce grand roman de Maupassant n'est pas si souvent adapté au cinéma.On peut se souvenir des lointaines versions d'Albert Lewin en 47 et de Louis Daquin dix ans plus tard.L'histoire est relativement connue.Dans le Paris de la fin du 19e siècle,un jeune homme pauvre et ambitieux fait son chemin dans la haute société grâce à l'appui des femmes de notables dont il devient l'amant.Maupassant y présentait un portrait acide et cynique d'une société gangrenée par l'obsession de l'argent et des apparences,comme quoi ce n'est pas nouveau.Cette adaptation hollywoodienne est assez décevante et n'apporte pas grand-chose de neuf tant elle est compassée et statique.On assiste à une reconstitution historique à l'ancienne,appliquée mais sans élan ni enthousiasme.Le Paris de la Belle Epoque est décrit de l'habituelle manière folklorique,avec ses bouges fréquentés par une foule hétéroclite qui voit se côtoyer des gens de toutes conditions dans une farandole de danses,d'alcool,de rixes et de prostituées.Sur le fond,l'irrésistible ascension de Georges Duroy laisse perplexe.On ne cesse de se demander tout au long du film ce que les femmes peuvent bien lui trouver.Il est compréhensible que ce paysan devenu ensuite militaire veuille s'élever socialement,admissible également que la gent féminine soit séduite au premier abord par sa jolie gueule,mais que les choses aillent plus loin est surprenant.Car il faut bien le dire,ce type,tel qu'il est montré dans le film,est complètement nul.Non content d'être stupide,inculte et dépourvu de charisme,il se montre en outre arrogant et incapable du moindre contrôle de ses émotions.Et il n'est même pas beau parleur.L'interprétation calamiteuse d'un Robert Pattinson qui grimace horriblement en permanence finit de faire sombrer le personnage dans le pathétique confinant à un malaise que seules les femmes l'entourant ne semblent pas capter.Les actrices,Uma Thurman,Christina Ricci et Kristin Scott-Thomas sont par contre magnifiques,et Colm Meaney est impérial en patron de presse affairiste tout-puissant,symbole d'un capitalisme ravageur et impitoyable avançant masqué derrière la jolie vitrine de l'apparat.