Kenneth Branagh signe son Roma (Alfonso Cuaron) personnel derrière les monticules de briques et les barricades de Belfast en pleine guerre de religions dans ses quartiers prolos (protestants contre catholiques). Une violente répression que l'on découvre complètement avec le regard de ce petit garçon innocent, souvent pris dans le feu de l'action sans même comprendre le concept des différences religieuses. Branagh est décidément un bon conteur, car l'on suit son récit (et son jeune héros) avec intérêt, on veut savoir si ce triste constat d'intolérance sur fond de misère sociale va finir par avoir la peau de ce garçon et de ses deux adorables grands-parents (on a adoré leurs scènes communes remplies de poésie et de tendresse, surtout quand le papy dit des bêtises à son petit-fils...). Malheureusement, avec ses airs de Roma (le noir et blanc, le titre en jaune, l'hommage aux prolos d'une ville en particulier, les rivalités culturelles,...) qui nous font sentir comme un air de déjà-vu (alors que l'intrigue n'a rien à voir), et la mise en scène qui manque d'émotions (mise à part l'ouverture réussie), ce Belfast est passé comme un courant d'air. Loin d'être raté, très intéressant dans son histoire, plutôt bien interprété (on a vraiment aimé les partages entre le petit-fils et les grands-parents), avec une musique originale (Down to Joy) bien sympathique et une ouverture qui nous avait agréablement surpris, mais manquant juste d'audace sur les sentiments et d'une scène marquante qui se serait démarquée du reste de la mise en scène très propre (un peu trop propre). On se sent bien sévère avec Branagh qui nous livre une œuvre soignée et sincère, mais on l'aime trop pour ne pas savoir qu'il peut aller bien plus loin. Bien qu'on en attendait nettement plus, une œuvre définitivement intime.