A peine remis de la claque prise par The Batman qu'un second uppercut que je n'avais pas vu venir vient me frapper de plein fouet.
Comment Kenneth Branagh a pu passer de Mort sur le Nil a cette pépite en noir & blanc ? Je pense, c'est plutôt simple a comprendre : qui de mieux qu'un Irlandais du Nord peut raconter l'histoire de son propre pays ?
On embarque sous le regard pétillant de Buddy, assistants aux événements tragiques des heurts sociaux qui plongent les quartiers populaires dans le tumulte des révoltes violentes et sanglantes.
Une fois posé le cadre, la beauté du film réside dans sa prise de vue. Celle des yeux d'un enfant de 9 ans aussi naïf qu'attendrissant devant un monde adulte qu'il ne peut que contempler. On comprend vite que c'est le jeune Kenneth qui avait exactement le même âge qui raconte sa vie a travers ce petit garçon.
Le choix du noir & blanc ( avec incrustation couleur lors de quelques très rares moments ) est parfait pour palper la nostalgie des années charnières de l'histoire du pays. Les plans sont d'une merveille absolue : tantôt dynamique pour suivre les folles petites aventures de Buddy, tantôt cadrés en gros plan-portrait-poitrine pour capter au mieux des dialogues écrits avec une justesse sublime.
J'ai beaucoup ri, j'ai également été extrêmement ému lors des évènements douloureux liés soit a la famille, la guerre urbaine ou la maladie. Ce panel d'émotion est transcendé par tous ces acteurs, Irlandais sans exception, qui campent l'histoire de leurs ancêtres et tendent a vouloir leur rendre hommage de la manière la plus fidèle possible.
Le rapport de Branagh pour le cinéma est palpable et dégouline d'une nostalgie commémorative qui veut rendre hommage a ce qui a façonné le cinéaste : les westerns, la beauté des actrices des années 50, le début des effets spéciaux. Et chaque film se retrouve coloré, comme un moment d'enchantement ultime pour le jeune Buddy ( et donc Branagh ) qui veut dédier ses plus beaux moments a ceux passés dans la salle obscure.
Un relief est d'ailleurs fait dans de nombreuses scènes, miroir hommage ultime qu'il pouvait rendre à son enfance.
Belfast est une fresque sociale toute simplement exceptionnelle, sublimée par une caméra hallucinante qui capte les moments de vie a la perfection. Souligné par une BO elle aussi 100 % Irish, le film est a mes yeux la grande œuvre de ce début d'année avec Licorice Pizza.