En cet été 2019, un certain Ari Aster nous pond Midsommar, un film qui dès son affiche incroyablement tape à l’œil, suscite chez nous une fascinante curiosité. Mais que se cache t'il derrière ce visage angélique, larmoyant et surplombé d'une couronne de fleur ?



Eh bien, le ton est donné rapidement lors de cette séquence d'introduction d'une dizaine de minute. Dans une nuit froide New-New-yorkaise, Ari Aster nous présente notre héroïne, Dani, comme une jeune étudiante anxieuse et tourmentée.
Cette première séquence de film est de par son cadre et ses dialogues, plutôt classique.
Cependant la tension installée, ses effets de couleurs, ses plans rapprochés anxiogènes, nous mettent déjà une claque qui nous prépare à un voyage visuel inhabituel.


En effet, la caméra d'Aster est d'une fluidité hors du commun. Elle se pose, se retourne, se fixe la ou notre oeil, n'a pas l'habitude de se poser, surtout pour ce genre de film. Catégorisé comme epouvante-horreur, Midsommar est hors catégorie.


Dans cette Suède ou le solstice d’été vient illuminer l’intégralité de la journée, la nuit, tant symbolique des films d’horreur devient cette fois ci, le seul moment de repos.
Mais Midsommar c'est quoi ? C'est un festival local ou se retrouve la bande de Dani, son copain et trois autres étudiants.
L’étrange volupté qui se dégage du premier contact que l’on a de cette Suède, faite de prés verdoyants, de trip sous champignon, de cabanes en bois ne présage rien de mauvais.


Or, c’est toujours à travers de petite subtilité qu’Aster sème le doute en nous : à travers le comportement anxieux de Dani, que ce soit ses doutes sur son couple, sa profonde tristesse envers le drame familial. Le soleil à son zénith ne devient pas une source de chaleur réconfortante mais tout au contraire. Ici, on a cet excès de lumière, inhabituel, qui nous met progressivement la puce à l’oreille. Midsommar n’est pas un endroit merveilleux.


Le cadre, lui, est merveilleux.La nature explose la rétine, cet ultra solaire verdoyant, entouré de hippies en robe blanche est extrêmement intrigant. Tels des anthropologues amateurs, l’on prend un malin plaisir à sur analyser toutes les spécificités de ces habitants, les coutumes locales qui semblent si particulière mais loin d’être effrayantes.


Car l’horreur, si on peut l’appeler comme ça, émerge progressivement. Aussi lente et sûre qu’un bad trip, la tension monte à travers ces plans rapprochés sur ces visages angéliques trop parfait. 2h30 ce n’est pas anodin comme durée. Le voyage se devait d’être allongé. La plongée dans ce festival est une lente descente vers un paradis sur terre soumis a des rites et traditions horrifiques pour nous, Occidentaux.


Cette secte est le reflet d’un vestige caché et oublié qui sans certains plans magistraux, aurait pu être dépeinte comme un reportage d’Arte un peu trash. C’est bien le choix de l’ultra esthétique, de la tension palpable qui fait de Midsommar un film de chair, de goût, de couleur qui nous met dans l’inconfort, le malaise. Habitués à des codes de l’horreur si souvent rabachés, on en oublie l’une des formes de la peur la plus primitive, celle qui ne porte un masque monstrueux mais un visage humain.



Midsommar est à l’horreur ce qu’est le soleil à la nuit. Une opposition totale, un cadre contraire qui nous plonge dans un cauchemar éveillé. Florence Pugh à travers son personnage au visage angélique d’innocence est prise au piège d’un Bad Trip en plein jour qui ne cherche pas à faire peur mais à faire suffoquer devant une réalité inconcevable.



Réfléchissez à deux fois avant de prendre vos billets pour vos prochaines vacances en Suède.

Créée

le 8 août 2019

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Félix Leloup

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