Kenneth Branagh dépeint de manière semi-autobiographique l'éveil d'un enfant qui grandit à Belfast en 1969, en pleins "troubles" entre protestants et catholiques. Une démarche qui n'est pas vraiment originale. Outre le "Hope and Glory" de John Boorman où l'on suivait un enfant dans un Londres en guerre, on a eu ces dernières années "Jojo Rabbit" (la chute de l'Allemagne nazie vue d'un enfant) ou encore "Roma", en noir et blanc également (peinture du Mexique de l'enfance d'Alfonso Cuaron). Néanmoins, "Belfast" a le mérite d'être sincère dans son propos, et de traiter un sujet délicat.
Mais surtout, c'est un film qui, contrairement à ce que son noir & blanc pouvait laisser penser, n'a rien de sinistre. On y retrouve beaucoup d'humour innocent au milieu d'événements tragiques ou de querelles religieuses sérieuses. Cela en grande partie grâce au talent d'un dynamique Jude Hill, et à son association avec ses grand-parents (Judi Dench et Ciaran Hinds).
Comme les films précédemment cités, le scénario est développé du point de vue du garçon, les éléments les plus "adultes" du scénario seront donc volontairement peu creusés. Certains resteront sur leur faim, toutefois le film a le mérite de se focaliser sur la manière dont un enfant peut appréhender tout ceci, en particulier le fait que l'attache à ses amis et son quartier reste plus importante que le souci très adulte de la sécurité. On y verra aussi quelques clins d'oeils amusants au cinéma de l'époque (qui a du fortement touché Branagh ?)... ainsi qu'une rapide référence au "Thor" que pondra le réalisateur en 2011...
Sur la forme, le noir et blanc n'a rien d'un auteurisme gratuit. Il permet réellement de souligner les expressions des acteurs devant un décors très sobre. Ou de mettre en exergue les clins d'oeil précédemment cités. Et la mise en scène est globalement soignée, montrant qu'après quelques errements chez Disney et/ou Marvel, Branagh est toujours capable d'aborder sobrement et intelligemment des sujet sérieux.