Kenneth Branagh (Mort sur le Nil, Artemis Fowl...) revient une nouvelle fois derrière la caméra, après un enchaînement de films de commandes, à la qualité discutable. Est-ce que ce film, grand favori dans différentes cérémonies, sonne le grand retour du réalisateur ?
"Belfast" coche toutes les cases du film conçu pour gagner des récompenses : un film autobiographique, qui se veut esthétiquement travaillé... Mais au résultat, il n'en ressort pas grand-chose hélas !
Nous sommes face à un film visuellement pauvre, ressemblant à une copie d'un élève faussement appliqué face à son sujet. Même une réalisation, ici d'un classique désarmant, arrive à décevoir entre les mains de Kenneth Branagh, avec des plans sans enjeux, avec un noir et blanc qui n'a aucune symbolique. Que ce soit par une ouverture navrante où on pourrait croire un clip de l'office du tourisme de Belfast, où des enchaînements de scènes avec une réalisation qui semble très classique et posée, mais qui n'arrive quasiment jamais à filmer son action correctement, et encore moins à nous faire ressentir quoi que ce soit, mis à part peut-être un ennui certain et une profonde exaspération devant une réalisation faussement maniérée.
Bien que certaines scènes auraient pu nous laisser entrevoir un espoir, essayant d'insuffler des moments pleins de bons sentiments, notamment la scène de voiture volante. Le film n'arrive pas à faire mouche, et encore avec cette volonté de vouloir filmer le quotidien de manière terne pour mieux mettre en avant le 7e art (qui est en couleur), avec autant de subtilité que la diplomatie Russe.
Les acteurs ne parviendront pas à compenser la pauvreté visuelle du film. Seuls les grands-parents, interprétés par Judi Dench et Ciaran Hinds livrent une prestation qui bouleverse par moments, et qui sont au-dessus du panier. Hélas le reste du cast est relativement oubliable, le couple de parents n'arrive jamais à émouvoir ou nous faire ressentir le drame qui se passe pendant le métrage. Jude Hill, qui apparaît pour la première fois à l'écran, oscille entre innocence et faux pas. Pouvant par moments donner un petit souffle au film, mais aussi le tirer davantage vers le bas.
Le film souhaite parler du conflit qui a chamboulé Belfast dans les années 60, opposant catholiques et protestants, tout en abordant l'enfance de Kenneth Branagh. Mais bien que le sujet soit parfait pour les Oscars : Un récit autobiographique, qui veut traiter un sujet historiquement important et en y incluant un hommage au cinéma... Mais malheureusement, le sujet y est tellement lissé, et le réalisateur décrit la situation d'une manière assez manichéenne, qu'on a beaucoup de mal à se rendre compte de la gravité de la situation. Le scénario est en finalité assez insipide, dans son début jusque dans sa conclusion que l'on connaît déjà dès le début du film. En résulte 1h48 d'ennui, à suivre à une histoire sans grand intérêt, ni impact sur son spectateur.
En conclusion, "Belfast" est un film oubliable d'un réalisateur, qui à force de livrer des superproductions sans saveurs, n'arrive plus à livrer quoi que ce soit de délicat. Une perte de temps devant un film qui ne semble exister que pour essayer de grappiller des récompenses, mais ne laissera aucune trace après son visionnage.