Lorsque le film a débuté, je me méfiais déjà un peu : les avis très partagés de mes éclaireurs SC (du bon, voire très bon, au très mauvais) sur Belfast m'avaient laissé perplexe. La toute première scène m'a fait très peur; et puis ça s'est un peu arrangé par la suite, pour finalement me laisser me faire l'opinion qu'il s'agit d'un film assez moyen, mais pour autant pas complétement désagréable. Plutôt contrasté, comme avis, mais il y a des aspects qui m'ont bien plu et d'autres que j'ai trouvés franchement nuls.
Commençons par le négatif. C'est par moments très niais. Le truc est censé prendre le point de vue d'un enfant, puisque ce sont les souvenirs d'enfance de Branagh. Sauf que ce soi-disant regard enfantin a tout du cliché le plus éculé qui soit. Je veux bien admettre que l'on idéalise toujours un peu son enfance lorsque l'on vieillit, mais après tout, Branagh n'a que 62 ans, à peine plus que mon âge et je n'en suis pas encore à me remémorer ma petite amoureuse de l'école primaire avec des trémolos dans la voix. Avis négatif également sur l'usage du noir et blanc pour faire rétro et la nostalgie des objets d'époque vaguement kitsch (les miniatures Matchbox, la lessive Omo).
Ajoutons que pour qui s'attendrait à tirer du film un regard sur la guerre d'Irlande, c'est à côté de la plaque. Le film ne prend jamais parti, d'ailleurs les parents de Branagh, quoique protestants, sont totalement neutres et n'ont d'autre point de vue que celui de la coexistence pacifique entre les deux communautés. C'est d'ailleurs pour ça qu'ils finissent par se casser de Belfast. Le sujet de la politique coloniale britannique est donc totalement éludé du film. La dimension historique se réduit ainsi à quelques images d'émeutes et bagarres entre locaux et on pourrait avoir l'impression que l'armée britannique n'était là que pour maintenir l'ordre et la paix. Après, je crois que c'est un parti pris du réalisateur (toujours ce truc du regard d'enfant) et je veux bien admettre qu'à 9 ans, il avait autre chose en tête que la politique.
Les points positifs, pour terminer, car il y en a tout de même quelques uns. La bande son (Van Morrison, natif de Belfast) est très bien et convoque par moments le répertoire traditionnel irlandais (Carrickfergus). Les acteurs sont bons et le film est donc bien interprété (le décor faisant vraiment par moments carton-pâte, ça ramène d'ailleurs à l'idée que Branagh a toujours excellé dans le théâtre filmé, en témoignent également ses adaptations de Shakespeare du début des années 90). Enfin, on ne peut occulter que le film brosse un portrait plein de tendresse et d'humanité de la classe ouvrière de Belfast, ce qui en constitue une des qualités principales.
Tout ça en finalement un objet cinématographique assez hétéroclite, entre gros stéréotypes et vrais moments d'émotion. Tout n'est pas à jeter, mais difficile pour autant de porter Belfast au pinacle.