La très belle et très originale idée de Bella e perduta est de faire du bufflon vu dès le début du film le personnage principal, le narrateur. On entend sa voix (celle de l'acteur Elio Germano), on adopte son point de vue (caméra subjective dans les dédales de l'abattoir) et on prend fait et cause pour ce bel animal, ce bovin aux yeux si doux. Et il a un petit nom : Sarchiapone. « Contrairement à tout ce qui se dit et s'écrit, le regard de ces animaux est tout sauf neutre. C'est un véritable regard critique » écrivait Jean-Luc Godard un jour. La liberté de ton de Pietro Marcello lui permet de tout faire, de varier les points de vue, les modes narratifs (au milieu du récit, Tomasso est interviewé comme dans un documentaire), de créer des personnages fantasques dans un subtile mélange de naturel et de merveilleux.
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