Belladonna, ou La Belladone de la tristesse, est un conte érotique réalisé par Eiichi Yamamoto. Dernier opus d’une trilogie, nommée Animerama, il est le seul des trois à avoir bénéficié d’une sortie en salle de cinéma dans l’hexagone.
La particularité du film n’est pas tant dans son contenu que dans sa forme étonnante, qui bénéficie d’une esthétique psychédélique et poétique des plus extraordinaires.
L’esthétique et l’ambiance de cette production sont envoûtantes. Les dessins sont d’une précision et d’une beauté exceptionnelle. Ils sont également très variés, comme si Eiichi Yamamoto avait souhaité représenter un large éventail d’arts appliqués. L’animation est unique en son genre, très particulière, elle se base sur une alternance d’illustrations fixes et de plans animés qui se fondent les uns dans les autres de manières ingénieuses au rythme de la narration. Le style est très inspiré de l’Art nouveau. Le résultat est particulièrement sensuel, voire érotique, sans jamais tomber dans l’obscène. Le film est un écrin de poésie, parfois viscéral, incroyablement surprenant et divertissant.
L’histoire s’inspire de légendes médiévales, et notamment des fameuses chasses aux sorcières. L’intrigue est très bien ficelée, très riche, elle s’avère très audacieuse, en mettant en avant l’émancipation de la sexualité. Les personnages sont magnifiques. Jeanne est fascinante.
Les dialogues sont subtils. La tension dramatique, inattendue, est très surprenante. La musique psychédélique, qui s’inscrit très largement dans le courant de contre-culture des années 60 et 70, est une merveille, les chansons sont sublimes.
Le rythme peut être un problème. Il paraît parfois un peu monotone, en raison de la stabilité et la lenteur de certaines séquences.
Véritable envoûtement, le film est réussi sur tous les aspects, sans jamais tomber dans la facilité.
D’un point de vue global, cette œuvre expérimentale casse les codes de l’animation tout en restant attrayant, et surtout affreusement satisfaisant à visionner. On prend beaucoup de plaisirs à se fondre dans cet univers incroyable, qui n’est jamais repoussant (comme le sont parfois les films du genre). Sans hésiter, il s’agit bien là d’un chef d’œuvre, à réserver aux adultes, bien entendu.
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