... d'ailleurs ou d'avant...


Quel rapport, me direz-vous, entre Où est la maison de mon ami, le chef d'oeuvre d'Abbas Kirostami, et Belle et Sébastien, réalisé par Nicolas Vanier d'après le feuilleton télévisé (et les livres) de Cécile el Glaoui, née Aubry ?


Les paysages, d'abord. Pas parce que les Alpes françaises ressemblent à la campagne de la province de Qom (Iran). Ils ne leur ressemblent pas. Du tout. Mais dans chacun des films, ils ont une importance essentielle. Ils sont le monde de l'enfant dont le film raconte l'histoire, ce qui le forge, au jour le jour, autant que ses parents, sa famille. Le monde qu'il parcourt - à pieds - tout au long de son histoire filmée. Ils sont aussi, tout autant que l'enfant, des personnages du film à par entière. Autant qu'Ahmad, ou Sébastien. L'histoire d'Ahmad n'aurait pas plus de sens hors des collines iraniennes, que celle de Sébastien loin des Alpes françaises.


L'enfance, ensuite. Pas seulement parce que les personnages principaux sont des enfants, mais parce que la vision de l'enfance, non des réalisateurs (celle-là, je ne la connais pas vraiment) mais des personnages, des sociétés dans lesquelles évoluent les jeunes héros, est pareille. Celle d'une enfance à la fois libre (ces très jeunes garçons errent dans la campagne, disparaissent pendant des heures entières, et aucun adulte ne s'en inquiète) et ignorée (personne n'écoute les petits garçons quand ils parlent, quand ils interrogent. Ils sont plus ou moins transparents aux yeux des adultes. Sauf, peut-être, à ceux de César, le grand-père adoptif de Sébastien, et à ceux d'un vieux sculpteur sur portes - je ne regarde plus les portes de la même façon depuis que j'ai vu ce film - qui "guide" Ahmad dans le village voisin du sien. Mais même ces adultes-là ignorent les enfants. Quand ils leurs parlent, ils leurs parlent d'eux-mêmes). Ces histoires tournent autour de l'enfant, mais l'enfant y est quasi-transparent pour son entourage. Il y vit une enfance qui paraîtrait merveilleuse aux yeux d'une majorité des gamins post-Dutroux, mais qui est, avant tout, ignorée.


L'enjeu enfin. Sauver un chien errant, rapporter un cahier à un camarade, peut sembler dérisoire à nos yeux d'adultes. Mais ce n'est pas dérisoire pour ces enfants. C'est même essentiel. C'est même l'essentiel, malgré les problèmes graves qu'affrontent, dans le même temps, les adultes qui les entourent.


Finalement, le film nostalgique de Nicolas Vanier, et celui, venu d'un autre monde, d'Abbas Kirostami, ne sont pas si différents.

lambertine

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