Mon appréhension à l'aube de découvrir Belle et Sébastien - le film, était assez grande. Peur d'être déçu, peur de me retrouver face à un produit calibré qui n'aurait pour lien avec l'oeuvre de Cécile Aubry que le nom. Derrière la caméra, Nicolas Vanier - réalisateur du Dernier Trappeur, de Loup, ou encore du plus ancien L'Enfant des neiges, mais qui est aussi un écrivain émérite et un "aventurier" remarqué pour ses exploits aidés notamment de ses chiens de traîneau. Bref, malgré certaines controverses, Vanier est un amoureux de la nature et la connaît très bien. Pour adapter Belle et Sébastien, c'était probablement l'un des meilleurs choix possibles, d'autant plus qu'il avoue lui même - lors des questions habituels qui précèdent l'avant-première - qu'il a grandi avec l'oeuvre d'Aubry, et qu'elle a probablement participé à son amour pour ce qu'il fait aujourd'hui.
Ce qui hypnotise tout de suite, c'est la beauté des paysages d'une part, ainsi que la manière dont ils ont été capté. Vanier est probablement l'un des cinéastes qui sait le mieux filmer la nature, ces étendes sauvages, ces montagnes. C'est majestueux, y a jamais un plan de trop, de ce côté impossible de ne pas s'incliner : Belle et Sébastien est une merveille visuelle de chaque instant. En plus, le simple fait que les musiques de la série d'origine aient été réutilisés souligne ces moments "contemplatifs", à un point tel que Vanier parvient à vous en donner des frissons.
L'histoire reste très classique : on reprends certaines des grandes lignes de la série originale, on fout ça pendant la seconde guerre mondiale, et le tour est joué. C'est sans surprise, jusqu'à la fin, mais il faut se remettre en tête le public visé... et pour le coup, dans cette optique, le film parvient à ses fins - intrigue peu compliquée, personnages moyennement complexes et enjeux très simples. Mais ça marche, et c'est rafraîchissant. Le gros reproche que l'on pourrait faire au film, c'est d'avoir placé son action en 1943 : y en a un peu marre de ces films qui se passent à cette époque là, c'est presque devenu une habitude de se retrouver avec des nazis à tous les coins de rue, et en plus, dans le cas présent, c'en est même un point important de l'histoire (jusque dans sa conclusion), qui déstabilisera sans doute ceux qui avaient vu la série. Un peu d'originalité quant au contexte historique n'aurait pas été de refus, même si cela permet d'ajouter des ressorts narratifs supplémentaires.
Mais le film de Vanier reste une réussite. Pas un film mémorable mais un divertissement évident, qui plaira "aux petits et grands". On salue encore (oui, mais il le mérite) la réalisation de Vanier, car c'est franchement très beau à regarder. C'est fou comment se retrouver face à des décors sans trucage peut faire passer un film au rend de "magnifique" en un instant (n'est-ce pas Peter Jackson). Les acteurs font le boulot, le gamin a le mérite de n'être pas trop agaçant, et on en a pour notre argent. N'attendez pas une révolution scénaristique, non. Classique et académique, mais dans le genre c'est bien foutu. Ça fait plaisir. Et malgré le fait que ça se passe pendant l'occupation, ça fait moins Vieille France que La Nouvelle Guerre des Boutons, c'est déjà très bien.