Il y a beaucoup de choses à dire sur Belle et Sébastien. On pourrait facilement parler de sa date de sortie à point nommée, pendant les fêtes de fin d'année. On pourrait parler de son opportunisme vis-à-vis du revival d'une licence périmée qui fait vibrer la corde sensible des nostalgiques de plus de trente ans. On pourrait aussi évoquer sa réalisation qui fleure bon l'absence totale de subtilité et les logos de la région Rhône-Alpes qu'on devine tatoués et collés derrière chaque planche de décor, chaque brin d'herbe folle, chaque goutte d'eau sauvage, chaque flocon, chaque montagne et chaque caillou, enfin derrière chaque caméra qui filme ces décors trop parfaits pour être honnêtes. On pourrait poser la question de l'utilité de ce chien et de cette histoire entantine. On pourrait évoquer le jeu d'acteurs parfois limite de certains protagonistes, du côté mignon too much du garçonnet ou les caméos pour faire plaisir à la ménagère de moins de cinquante ans.
Mais évoquer tous ces points n'est pas tellement utile. Si on veut se donner l'allure d'un critique exigent et érudit, un type qui ne jure que par l'avant garde et le réalisme, on ressemblera plus à un crétin qu'à un génie.
Oui, Belle et Sébastien n'est pas le genre de films qu'on attend en trépignant, ou même qu'on regarde tout excité. C'est pourtant un beau film, un film rempli de belles images, d'une histoire simple mais solide et poignante, que la plupart des acteurs rend encore plus attachante — mention spéciale à Tcheky Kario, comme bien souvent impérial —, une histoire qui prône des valeurs claires et évidentes d'humanité, une histoire de bons sentiments qui rappelle ce qui compte, ce qui touche, ce pourquoi on peut vouloir se serrer les coudes et prendre des risques. Non pas que Nicolas Vanier, le réalisateur, en prenne vraiment, mais il a le mérite de nous faire un peu rêver, de nous faire un peu voyager, de nous faire un peu vibrer, voire trembler, de nous faire beaucoup sourire, et de nous transporter, le temps de ce conte merveilleux...