Un Visconti oublié, très agréable petit film sur le cinéma. Suivant une mère de famille à l'énergie débordante (excellente Anna Magnani, que je découvrais pour l'occasion), Bellissima confronte les rêves d'un quartier populaire aux réalités de l'industrie. Soit le portrait d'une relation mère-fille où, main dans la main, elles courent aux quatre coins de la ville en vue de répondre à un casting lancé par Cinecittà, studios à la recherche d'une fillette pour leur nouvelle production. L'offre attire bien sûr des tas de familles et chaque seconde perdue laisse davantage de place à la concurrence.
Moins convaincant lorsqu'il s'attarde sur les personnages secondaires, Bellissima se montre brillant quand il explore son sujet, du stress palpable de cette mama grande gueule au naturel d'une petite fille en qui elle place tous ses espoirs. A mi-chemin entre la comédie de moeurs et la satire désenchantée, le film ne met pas bêtement ses personnages en situation difficile. Prenant le parti de ses deux héroïnes, il s'attache à dépeindre leur quotidien par petites touches pittoresques, autant de micro-scènes dont la chaleur humaine contredit une séquence de projection privée étonnamment cruelle...
Si le film se revoit avec moins de passion que les classiques de Visconti (d'où cette note timide), il provoque un enthousiasme réel à sa découverte. Sans le savoir, Bellissima est d'ailleurs le pendant minimaliste et 100% italien du brillant Good Morning Babilonia des frères Taviani, compatriotes de Visconti qui livreront près de quarante ans plus tard une autre vision de l'industrie, hollywoodienne cette fois.