Comparable au souffle épique de Autant en emporte le vent ou de La Conquête de l'Ouest, le péplum culte de William Wyler traverse les âges et reste au sommet d'un genre qui se fait rare. La démesure des décors avait de quoi dépasser l'entendement à l'époque, ainsi que le nombre incroyable de costumes et de vrais figurants, et ce sont autant d'exemples qui forcent l'aura autour d'une longue fresque historique s'appuyant grandement sur des passages forts de la Bible.
Ce film est avant tout le combat inévitable entre deux amis d'enfance, deux anciens frères qui se déchirent : Ben-Hur et Messala. Et leur détermination à vouloir prendre le dessus l'un sur l'autre est un rappel déterminant pour eux-mêmes mais aussi pour le spectateur qui voit dans ces personnages iconiques de simples humains, des hommes vulnérables mais débordant de véracité. Le cas de Ben Hur est le plus criant, il est persuadé qu'il doit mener sa quête de vengeance pour redorer son honneur, et cela nous permet de profiter de certaines scènes incroyables telles que la course de chars, qui a été réalisé dans une période du cinéma sans le "tout numérique" et ces incessants gadgets d'aujourd'hui. Et cette course mémorable est une étape comme tant d'autres que Ben Hur devra traverser à l'image d'un héros dramatique : sa foi est mise à l'épreuve, sa foi en lui-même mais aussi sa foi envers son Dieu.
La réalisation force le respect, tant pour la maîtrise dont elle résulte que pour sa concordance avec un scénario passionnant grâce à des dialogues qui font mouche et des références religieuses bien adaptées au cadre historique. La mise en images de cette confrontation entre l'empire Romain et la Judée n'aura sans doute plus jamais des représentants aussi élégants et ambitieux que Ben-Hur. Notre protagoniste est partagé entre le Divin qu'il doit honorer et l'homme qu'il doit être, proposant ainsi une vision du monde que beaucoup gagneraient à découvrir. Et pour embellir, si l'on peut dire, le périple de Ben-Hur, il y a cette magnifique bande-son...
Il est donc difficile de faire la fine bouche avec un long-métrage de cette prestance, au-delà même de quelques longueurs évidentes et malgré son académisme apparent. Ben-Hur n'est pas parvenu non plus à convaincre tout le monde sur le sens profond de son message et sur sa grandiloquence, parfois maladroite, qu'il déploie pour l'illustrer. Mais ce serait également faire preuve de maladresse de remettre en question le culte autour de ce film, car ce dernier s'accommode d'un certain savoir-faire et de l'interprétation de ses acteurs tous autant impliqués les uns que les autres, tout cela pour délivrer l'un des plus beaux morceaux de bravoure du cinéma.