Shownuns!
Alors un de mes réalisateurs préférés dirigeant dans un rôle principal une des actrices préférées, autant le dire, Benedetta était une de mes plus grosses attentes de l'année ̶2̶0̶2̶0̶ 2021...
Par
le 12 juil. 2021
75 j'aime
26
Il est peu dire que Benedetta était attendu. Du livre original Immodest Acts : The Life of a Lesbian Nun in Renaissance Italy écrit par Judith C. Brown, Paul Verhoeven reprenait l’histoire de cette nonne et future abbesse italienne incarnée par Virginie Efira, qui allait être vénérée par son entourage pour ses miracles nés de la main de Jésus lui-même, puis chassée et voulue sur le bûcher pour saphisme (lesbianisme aujourd’hui, entretien de rapports sexuels entre deux femmes).
Il ne fait pas de doute que le cinéma de Verhoeven réside à chaque instant dans ce long-métrage, que l’on y retrouve tout le sens du grotesque/second degré (voir les séquences avec Jésus, absolument poilantes, les conflits d’intérêts entre nonnes/paysans donnant lieu à de belles réparties), la dynamique sexuelle exploitée aux fins d’une démonstration sur ce qu’est l’Amour au fond, et la violence inhérente à cette société du 17ème siècle, ici physique et psychologique. Pourtant, et c’est là où Benedetta frappe très fort, jamais l’humour n’est utilisé de manière gratuite. Bien au contraire, si sur les trente premières minutes, le film de Paul Verhoeven lorgne très souvent vers la comédie noire, c’est parce que le personnage n’est qu’une jeune fille. Comment discerner la monstruosité et l’horreur de ce qui l’entoure, alors qu’elle n’est que très jeune ? L’abbesse le dira à Bartolomea, ce n’est qu’une jeune enfant, et c’est ce qui fait son charme. Alors, la mascarade religieuse dévoilée par Verhoeven n’est que plus frappante lorsque le rire provoqué par la vision et les propos d’une jeune enfant se transforme en la crainte, et la terreur progressive d’une Benedetta adulte sur le monde qui l’entoure. Et si la comédie noire n’est jamais totalement délaissée sur les 2h10 de film, c’est parce que Benedetta devient l’épouse de Jésus, dépassant le grotesque au rang du sublime, parce que puissant symboliquement voire tétanisant (cf les scènes de possession). C’est d’ailleurs là toute l’intelligence du propos de ce long-métrage, basculer d’un registre à l’autre, de la comédie noire au film érotique, au drame social et politique.
Critique disponible en intégralité : https://cestquoilecinema.fr/critique-benedetta-lemancipation-par-verhoeven/
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les meilleurs films français, Les meilleurs films de Paul Verhoeven, Les meilleurs films de 2021, Les meilleurs films français de 2021 et Les meilleurs films avec Charlotte Rampling
Créée
le 10 juil. 2021
Critique lue 423 fois
4 j'aime
D'autres avis sur Benedetta
Alors un de mes réalisateurs préférés dirigeant dans un rôle principal une des actrices préférées, autant le dire, Benedetta était une de mes plus grosses attentes de l'année ̶2̶0̶2̶0̶ 2021...
Par
le 12 juil. 2021
75 j'aime
26
Paul Verhoeven est un éternel franc-tireur. Un crucifieur de la bienséance. Un provocateur controversé. Son cinéma reprend sa place d’instrument de libération bien décidé à s’absoudre des...
Par
le 12 nov. 2021
61 j'aime
9
C'est Brigitte. Elle est vive d'esprit, et au moyen âge, les filles vives d'esprit finissent violées ou au bûcher. Habile, son père la sauve de ce destin tragique et la place dans un couvent contre...
Par
le 7 janv. 2023
57 j'aime
30
Du même critique
Tout droit sorti des cartons Netflix, Athena s’apparente au film de banlieue comme pouvait l’être BAC Nord l’année dernière. Alors que le soldat Abdel peine à se remettre de la mort de son frère,...
le 26 sept. 2022
50 j'aime
6
Il n’est jamais agréable de constater le piètre jeu d’un acteur que l’on apprécie, surtout lorsqu’il est dirigé par un auteur. Le film d’Arnaud Desplechin est une souffrance constante, paralysée par...
le 23 mai 2022
37 j'aime
3
Il n'était pas possible d'attendre quoi que ce soit de ce deuxième volet du déjà très oubliable Black Panther, pour la simple raison qu'il n'y avait encore rien à ajouter à la matière très fine de...
le 20 nov. 2022
20 j'aime
1