Benedetta par DanielOceanAndCo

Pour moi comme pour beaucoup de cinéphiles, un film de Paul Verhoeven est toujours un événement, et promet la plupart du temps des œuvres intenses à déconseiller aux âmes sensibles, donc, le simple fait de le retrouver dans nos contrées après l'excellent Elle pour un film d'époque qui mêle passion amoureuse lesbienne et religion, je signe direct et une chose est sûre, vous ne devez pas voir le 7/10 que je donne à Benedetta comme une évidence mais comme un parcours de deux heures où se sont enchaînés des sentiments très contrastés.

L'objet du délit a surtout eu lieu durant la première heure. Il va sans dire qu'un bon film, c'est surtout et avant tout un bon équilibre entre les différents éléments, notamment le fond et la forme, et là, autant j'adhérais au sujet sans problème (notamment dans sa critique d'une église particulièrement mercantile), mais là où tout fonctionnait moins bien, c'était dans l'exécution, parfois tellement outrancière que - même si c'était délibéré - ça me faisait sortir du film comme la scène de confrontation avec des brigands au début, la première rencontre avec Bartolomea et surtout,

bref, tous ces excès et ce mauvais goût - et Dieu sait si ce bougre de hollandais violent en a parfois abusé parfois dans sa carrière avec plus (Starship Troopers) ou moins (Showgirls) de réussite - m'a franchement fait peur durant la première partie du film.

Puis à partir

une scène d'une très grande beauté visuelle d'ailleurs, j'ai retrouvé le Paul Verhoeven de La Chair et le Sang : toujours dans l'excès mais pertinent dans son propos et la peinture de la violence sociale et religieuse de cette époque et surtout, avec efficacité dans sa façon de faire douter le spectateur sur les événements qui touchent Benedetta à la limite du genre fantastique jusqu'au procès final, plutôt passionnant à suivre, et sans oublier des scènes de sexe assez intenses.

Côté casting, si Lambert Wilson en fait des caisses depuis des années et que son jeu est trop théâtrale, Charlotte Rampling assure avec son autorité naturelle, mais pour moi, la vraie surprise fut Virginie Efira dont je n'avais jamais remarqué à quel point elle était bonne... actrice. Bon, je vois que vous voyez où je veux en venir mais elle livre une prestation particulièrement habitée et ça fonctionne.

Bref, le sulfureux réalisateur revient en France pour la seconde fois et si tout n'est pas parfait, ce mélange entre satire, drame, érotisme, fantastique, film de procès reste un très bon moment de cinéma!!