Mis en scène par Nora Fingscheidt, « Benni » est le premier long métrage de la réalisatrice allemande et c’est un film qui prend aux tripes et dont on ne sort pas indemne.
Benni est une fillette de 9 ans traumatisée dans son enfance par une personne qui aurait essayé de l’étouffer avec un coussin et qui au fil des ans est devenue violente. Elle alterne période normale où elle s’avère attachante, sociable et en quête de tendresse, et période de crise, crise d’une rage verbale et physique inouïe pouvant se déclencher à tout moment pour n’importe quel motif.
Violence contre sa mère – dépassée et qui est incapable de reprendre sa fille à la maison – violence contre d’autres enfants mais une violence d’une brutalité incontrôlée, hystérique, absolue.
Trimballée de foyers en famille d’accueil et de famille d’accueil en foyers personne n’arrive à trouver la solution face à un tel cas, malgré des éducateurs bienveillants – mais néanmoins dépassés eux aussi. Car de solution il ne semble pas en exister...
Bennie est un bon film qu’on pourrait qualifier d’épuisant, pénible, émouvant, violent, oppressant et parfois même insoutenable.
Helena Zengel, l’actrice qui joue Benni, crève littéralement l'écran, un rôle époustouflant (j’ai rarement vu une enfant jouer à ce niveau d’intensité un rôle si difficile).
Le petit bémol du film c’est que ce n’est pas toujours crédible (à mon sens).
Je ne connais pas bien le fonctionnement des services sociaux pour l’enfance en France et encore moins un Allemagne mais il paraît impossible et inconcevable de laisser une enfance présentant un tel niveau de dangerosité et d’ultra-violence - quasiment une meurtrière en puissance (notamment pour les autres enfants) - avec aussi peu de surveillance ou alors c’est grave et c’est qu’il y a quelque chose qui cloche.
Le réalisme de certaines situations en prend un coup (encore une fois il ne s’agit pas de la violence d’une enfant de 9 ans qui pose problème mais la gestion et le traitement du sujet dans ce film). Dommage.
Le rôle de l’assistant de vie scolaire, très sympathique et qui veut vraiment sortir Benni de cet enfer, sorte de « grand frère » n’est également pas toujours très réaliste.
Ce film montre néanmoins bien qu’il n’y a aucune solution « clé en main », toute faite pour ce genre de cas, notamment lorsqu’il s’agit d’enfants très jeunes, qu’il est impossible d’enfermer et que le sujet est très complexe.
Un film à voir et dont l’intérêt n’en demeure pas moins réel malgré les petites réserves émises.
Un film marquant.
Mais la question qui doit être posée est de savoir si un bon film doit nécessairement être crédible ?