Une scène.
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Haneke a tellement étourdi en s'attaquant au fait divers dans Le Septième Continent que Benny's Video pouvait être tout simplement tiré d'un autre, mais non : le réalisateur a construit le sien propre, ce qui explique peut-être pourquoi le personnage de Benny est obsédé par la vidéo.
S'engouffrant dans les caméras de l'adolescent, le cinéaste bâtit un monde de vice suggéré, pas aussi puissant que dans son œuvre précitée (car un peu désassorti par ses aspects plus lumineux et optimistes). Cependant sa qualité est maintenue dans les hautes sphères du sous-entendu par un casting de nouveau incroyable. Son ambiance est la cousine chaste de déviances inavouables qu'elle fait presque pressentir.
Quand Benny commet l'irréparable sans en mesurer la portée, on ne voit donc pas l'adolescent transformé en sociopathe par son obsession pour les écrans (protagoniste qui demeure aujourd'hui une légende urbaine vivace), mais un véritable monstre d'horreur psychologique reflétant parfaitement la crainte tenace qu'une telle personne puisse exister.
À la lisière du minimalisme, un père trop maître de lui-même et une mère ultraprotectrice vont prendre sur eux le fardeau de son crime, et ce qui était horrible devient doucereusement philosophique : comment peuvent-ils, eux qui représentent l'Autriche pensante et éduquée, ne pas se dissoudre sous le choc et la honte de ce qu'a fait leur fils ?
Alors, tout en réhaussant la lecture du film, un peu comme un éveil, vers un niveau où l'on est tout à coup conscient (un peu comme Benny) de ce que représente vraiment un crime, leurs décisions lavent l'ambiance malsaine mais deviennent en même temps les symboles d'une horreur plus sourde et profonde. Une horreur telle que l'adolescent ne la supportera pas et finira par se dénoncer, rompant le cercle vicieux au point de non-retour.
En étant davantage familial que social, Benny's Video cristallise les peurs les moins secrètes des Autrichiens (car on s'en délecte chaque matin dans la rubrique des chiens écrasés) mais en retire une substance cauchemardesque qui s'étend sur plusieurs niveaux de conscience. Une œuvre très morale sous ses airs de film dérangeant tout juste bon pour les vidéo-clubs.
Créée
le 17 janv. 2021
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