Je reprends mon exploration du cinéma de Tourneur. On tient là une pièce rare. Il s’agit du premier film tourné en Allemagne à l’issue de la guerre. Les armées d’occupation ont accordé le droit à Tourneur d’y filmer ses scènes d’extérieur. Bref. C’est l’histoire d’un mec de L’ONU qui doit se rendre à Berlin pour préparer la paix … enfin surtout la paix entre les quatre puissances qui se partagent Berlin. Tout ce petit monde se côtoie dans un train et apprend à faire connaissance. Et là, bim, un meurtre dans le train. Du déjà vu ? Oui mais non. C’est n’est pas ce que vous croyez. On est à la frontière entre le polar et le film d’espionnage. L’ambiance est mystérieuse et poisseuse. On effleure les enjeux politiques qui se dessinent depuis Yalta. Tourneur parvient à livrer un film qui semble étonnamment neutre. Il conclut avec une note d’optimisme qui surprend. Mais surtout, on assiste au spectacle de la virtuosité du bonhomme. Finesse des compositions, contraste de la photographie, jeu sur la focale, tout y est. Le point d’orgue est probablement la scène du meurtre, Hitchcockienne voire Depalmienne bien avant l’heure, un bijou ! En bref, un film à voir pour ses décors réels de Berlin et Francfort dévastées autant que pour le travail magnifique de Tourneur.