Bernadette
5.9
Bernadette

Film de Léa Domenach (2023)

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A l'élection de son mari Jacques Chirac, Président de la République de 1995 à 2007, Bernadette essaie de se faire une place à l'ombre de son imposant époux.

Pour cela elle va devoir affronter la clique (la cour ?) de pignoufs machos qui entoure le Président. Ce dernier, infatigable séducteur qui la trompe sans vergogne, l'appelle "maman", l'écarte de certaines manifestations officielles car il ne la juge pas suffisamment présentable, n'est pas en reste question goujaterie. Pour réussir l'exploit de redorer son image ringarde, Bernadette se voit imposer par sa fille Claude (très proche de son père) les services de Bernard Niquet maître es communication. D'abord hostile, Bernadette finit par s'attacher à celui qu'elle appelle d'abord Mickey par moquerie, jusqu'à en faire son allier et son Directeur de cabinet.

Je ne me suis jamais intéressée à la personne de Bernadette Chirac et pour le peu que j'en connaissais je ne l'ai jamais trouvée très sympathique et pas uniquement à cause de son improbable coiffure. Incroyable qu'elle soit devenue cette mémère mal fagotée alors que c'était une très jolie et élégante jeune femme. Je ne sais et n'ai que faire de ce que pense le clan Chirac survivant de ce film mais j'estime que Bernadette a plutôt de la chance d'être tombée sur Léa Domenach et Catherine Deneuve qui la rendent touchante et sympathique. Parce que toujours digne et solide malgré les humiliations permanentes infligées par son exécrable mari, son odieuse fille et leur clique de mal embouchés.

Les hommes étant à peu près tous (sauf le personnage de Denis Podalydès, savoureux et formidable) des mufles détestables, Bernadette en devient presqu'une sainte à qui est également accordée une grande finesse de stratège politique au point d'avoir été la seule à prévoir l'arrivée de Le Pen au second tour des élections de 2002, sous les rires de la bande. On peut également sourire. On sourit d'ailleurs beaucoup à ce film un peu mou et gentillet qui doit à peu près tout au formidable couple formé par Catherine Deneuve et Denis Podalydès.

Dès les premières images, un choeur d'église annonce en chanson que ce film s'inspire de faits réels mais reste une fiction. Il y a donc une part de vrai dans ce qui nous est montré là. Chirac et sa bande n'en sortent pas grandis. En particulier De Villepin et les deux jumeaux serviles (dont je n'ai pas réussi à comprendre qui ils étaient). Le film n'a rien de politique et ne survole que quelques moments du "règne" de Chirac, élections, dissolution d'assemblée, cocufiage pendant que Lady Di s'écrase sous un pont parisien. Il est par contre une représentation parfaite de la muflerie masculine. Ils sont tous à étrangler. A noter que Laurent Stocker est un Sarkozy bien tête à baffes absolument parfait, tout en obséquiosité, mais il est peut-être exact qu'il trouve que le grand homme politique du couple soit Bernadette.

La réalisatrice a mis dans la bouche de l'insolente Catherine des répliques qui font mouche. Quand son mari lui assure que "c'est important la fidélité", elle réplique "première nouvelle !". Lorsqu'elle est accueillie par une horde de photographes juste après que son époux ait fait parler de lui au bras et dans le lit d'une actrice italienne, elle leur balance : "mais je ne suis ni Claudia Cardinale ni Gina Lollobrigida voyons !".

Catherine Deneuve a déjà joué ce rôle de Potiche chez François Ozon. Elle maîtrise l'exercice avec sa classe et son autorité tout en douceur. Je disais déjà à ce moment que : "Catherine Deneuve n'a peur de rien ni de personne. Même en se ridiculisant par ses tenues et ses attitudes, elle ne l'est pas, parce qu'elle s'amuse d'elle et avec nous. Elle ne se moque pas. Elle est. Cette femme, cette actrice est une vraie rebelle. Elle est folle et indisciplinée, énergique et enthousiaste. VIVANTE. Je l'aime".

Un critique a dit que "la seule et unique Première Dame de France" c'est elle. Je suis d'accord.


P.S. : à noter que tous les acteurs ont été maquillés à la truelle et à la poudre orange. Etrange.

Créée

le 10 oct. 2023

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