La comédie est originale mais inaboutie, tour à tour drôle et désagréable: le premier film d'Albert Dupontel se signale par son ambivalence. Sur le mode de la banlieue et d'existences sordides, il se présente comme une variation d'"Affreux, sales et méchants" dont le héros est un enfant de trente ans quittant l'orphelinat où il a toujours vécu pour retrouver ses parents.
Confronté à un univers crasseux qu'il méconnait, Bernie évolue au gré de son immaturité et de sa violence. Du décor et du caractère imprévisible de Bernie nait une atmosphère d'autant plus malsaine que les outrances -jeu de massacre façon Hara Kiri- et la violence affichées par Dupontel se cachent toujours derrière des traits d'humour. De fait, le comique insolite de l'auteur repose sur un mélange détonnant de provocations, de brutalité et de nihilisme.
Sur ce dernier point, Le réalisateur manque un peu d'arguments pour que son point de vue soit significatif. Sa vision relève davantage de l'exercice de style que d'un postulat étayé. De la même façon, si Bernie ne séduit pas, en tant que personnage principal, c'est parce qu'il est un figure essentiellement grimaçante et peu définie. Ce sont les faiblesses d'un film duquel on peut tout de même s'amuser de son audace, de quelques inventions et de moments incongrus mettant en scène Bernie aux côtés
d'un père clochard et d'une mère embourgeoisée.