Dans cette Angleterre peu amène, le petit Robert ne veut plus être un anonyme, rêvant de briller sous les projecteurs. Il deviendra en un clin d’œil Robbie Williams.
Quête de lumière pour plaire au père, grand-mère angélique, succès et célébrité toxique, le destin du jeune Britannique ressemble à s’y méprendre à celui du Rocketman Elton John. Comme dans le biopic de son aîné, ses tubes racontent son histoire et s’enchaînent dans un tourbillon musical, oscillant entre la comédie et le tragique. Un Rock DJ endiablé entraîne cinq garçons dans le vent de Londres, quand She’s the one illustre dans un pas de deux romantique une rencontre amoureuse ternie par un avortement. Réussis, ces numéros pailletés nous entraînent dans le kitsch assumé de Broadway et de Baz Luhrmann.
Mais l’originalité suprême de ce spectacle est d’avoir donné le rôle à un chimpanzé virtuel sous le costume duquel performe un impressionnant Jonno Davies. Doté de la voix off du chanteur lui-même, l’effet est saisissant, même s’il peine à dépasser l’artifice. Dernier à être choisi au foot, faire-valoir du groupe Take That, ne croyant pas en ses textes, Robbie Williams se méprise, se voit comme un imposteur et un animal exploité à l’insu de son plein gré. Dans le grand cirque médiatique des boys band, c’est un singe savant qu’on exhibe pour plaire aux gays, puis aux filles. Devenu pompeur de coke et suceur de goulot, le sale gosse se perd dans les affres de la gloire. Le temps est venu de la rédemption pour celui qui a depuis toujours aspiré à devenir un homme meilleur. Lui qui se prenait pour un Elvis moins obèse avait pour véritable modèle, tout comme son paternel, Frank Sinatra. Alors, dans une ultime impolitesse, le crooner égotiste quitte la scène en se considérant comme le plus grand des showmen.
(6.5/10)
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