En soi, l'histoire de "Betty" n'a rien de follement originale. Celle d'une femme alcoolique, dont la consommation de clopes et de whisky ferait pâlir un maçon polonais, qui se retrouve broyée après voir été enfermée dans un mariage froid et rigide.
Mais l'intérêt ici est double, sinon triple.
D'abord il y a l'interprétation, avec ce tandem féminin entre Stéphane Audran et surtout Marie Trintignant. Excellente en femme ravagée et auto-destructrice, victime d'un traumatisme de jeunesse, et conduite vers une vie qui ne lui convient pas du tout.
Ensuite, à la fois l'écriture et le montage de ce personnage. On découvrira son passé et ses troubles de manière totalement déstructurée. L'occasion d'amener un peu de suspense, de creuser sa psychologie, et de recoller les morceaux... presque littéralement pour cette femme brisée.
Enfin, évidemment Chabrol ne peut pas s'empêcher d'égratigner la bourgeoisie. Cette fois, ce sont les hauts bourgeois urbains qui en prennent pour leur grade. Un famille qui sied entre Lyon et Paris, bien riche, déconnectée, stricte comme il faut pour se payer leur tronche. Le réalisateur nous offrira quelques touches d'humour noir bien senties...
Un drame poignant.