Ce film m'a fait découvrir la SF. Et quelle SF!

Dans un monde qui sera le notre, le destin de chacun est supposé dicté par la génétique : les parents choisissent leurs enfants en fonction de leur génotype à la fois pour leur garantir le meilleur avenir possible et pour qu'ils correspondent exactement à leurs attentes. L'embryon de Vincent, un "enfant de l'amour", n'aurait jamais été "sélectionné" si ses parents avaient recouru à cette technique : en effet il est atteint de toutes les maladies génétiques imaginables, et les tests ne lui prédisent pas de vivre après une trentaine d'années.
Son petit frère, lui, ayant bénéficié des manipulations génétiques, est promis à une réussite brillante, car son génotype est parfait.
Alors jusqu'où Vincent, interprété par Ethan Hawke, est-il prêt à aller pour ne pas laisser sa vie dictée par ses mauvais gènes, qui l'empêchent d'accomplir son rêve: aller dans l'espace?

Andrew Niccols signe ici son plus beau film, un classique des années 90.
Une ambiance glaçante, portée par une musique sublime, des décors simples et grandioses à la fois, et des acteurs talentueux : en plus d'Ethan Hawke, Uma Thurman, qui case Gattaca dans son CV chronologiquement entre Pulp Fiction et Kill Bill, et Jude Law, au tout début de sa carrière.
Il interprète ici Jérôme, un jeune homme qui possédait tous les gènes de la réussite, mais dont la vie s'est stoppée nette lorsqu'il a été renversé par une voiture qui lui a privé de l'usage de ses jambes. Il décide alors de "louer" son ADN à Vincent (en lui donnant du sang, des cheveux...) pour que celui-ci puisse intégrer un centre spatial où un excellent profil génétique est requis.
La réalisation jongle quant-à-elle habilement entre des scènes ouvertes, à l'esthétisme froid, et des moments haletants comme la scène de l'escalier, où la progression de Jérôme, désespérante de lenteur, contraste avec l'efficacité chirurgicale des antagonistes.

Si la grande question du film reste l'eugénisme et la prédétermination de l'avenir de chacun par la science, la portée philosophique du film se situe aussi dans le refus des règles imposées par une société où l'individualisme est roi, mais où l'individu ne trouve plus sa place qu'en suivant les autres. La quête de Vincent, celles des étoiles, est après tout universelle: qui n'as pas rêvé d'accomplir ses rêves, tout en sachant que son plus grand frein n'était autre que soi-même?

Mais la réplique finale de Vincent résumera mieux le film que tout ce qu'on pourra en dire:
"For someone who was never meant for this world, I must confess I'm suddenly having a hard time leaving it. Of course, they say every atom in our bodies was once part of a star. Maybe I'm not leaving... maybe I'm going home."

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le 13 avr. 2014

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Lucie L.

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