Il faut cultiver son jardin.
Il se dégage une atmosphère, un parfum, une ambiance très singulière des films de Hal Ashby. Et Being there, tout comme Harold et Maude, est traversé par l'idée de la mort. On sent chez Hal Ashby une perception de la vie plutôt négative, un regard désabusé sur le monde qui l'entoure, un pessimisme dont il veut rire. Ce pessimisme, il le met en scène par le biais d'inadaptés pour lesquels il a un profond amour, et Monsieur Chance en est un de premier choix (magnifiquement et sobrement interprété par Peter Sellers).
Being there est une fable poussée à l'extrême où un jardinier élevé et nourri par la télévision parvient au sommet de l'échelle sociale grâce à sa sincérité. C'est un Forrest Gump avant l'heure, la rapidité en moins. Il est acclamé par des hommes politiques de grande envergure alors qu'il a une absence totale d'éducation. Chance ne sait pas ce qu'est le monde mais il a une tendresse naturelle pour la vie et pour les autres qui permet à Ashby de faire de ce monde noir et plein d'immondices un jardin remplit de roses.
Le plus étonnant dans le film est que la sortie de Chance dans le monde réel le conduit directement dans un autre monde très éloigné du quotidien de la majorité du commun des mortels. Est-ce là un destin qui doit s'accomplir ou bien Chance ne pourra-t-il jamais avoir l'occasion de savoir ce qu'est le monde extérieur, en toute simplicité ?
Ashby réalise ici un film à la fois tendre et désabusé, tendre envers son personnage et désabusé envers les puissants qui sont incapables de voir qui est le véritable Monsieur Chance. A aucun moment, il ne leur vient à l'esprit qu'il puisse être un jardinier, rien de plus. C'est par une citation de Charles Bukowski qui l'on pourrait expliquer le film : «Le problème avec ce monde est que les personnes intelligentes sont pleines de doutes, tandis que les personnes stupides sont pleines de confiance».
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