Bienvenue Mister Chance (Being there = "être là" dans son titre originel) est à classer dans les OCNI (objets cinématographiques non identifiés) tant il fait partie de ces films qui sortent du commun.

Chance est, peut-on dire un homme simple (pour ne pas dire un simple d'esprit) qui travaille depuis toute sa vie comme jardinier dans la maison d'un homme riche. Il n'a de relations sociales qu'avec cet homme et la bonne car il ne sort jamais. Il aime par dessus tout regarder la télévision ce qu'il tend à faire le plus possible. Mais à la mort de son patron, Chance est obligé de quitter la maison. Alors qu'il est à la rue, un concours de circonstances va faire qu'il va se retrouver dans le manoir de l'homme le plus riche de Washington ...

Chance est un personnage conceptuel au sens deleuzien du terme, tel que celui d'Oblomov, si l'on se réfère à la littérature, mais le cinéma en regorge également. On peut le comparer au personnage de Raymond dans Rain Man ou encore à celui de Forrest Gump ou même à celui de Bad Boy Bubby car il est proche du mythe du bon sauvage tel qu'on peut le voir aussi dans l'Enfant sauvage de Truffaut.

En effet, non seulement il n'est jamais sorti de chez lui, mais son peu d'éducation (il ne sait ni lire ni écrire) et de relations sociales fait qu'il a appris tout ce qu'il sait à la télévision. Il est très poli, mais la plupart du temps ne comprend pas ce qu'on lui dit. Le concept du personnage doit être compris et accepté d'entrée de jeu par le spectateur (suspension du jugement critique réaliste) pour entrer dans le développement de ce concept à travers ce film qui donne lieu à des scènes comiques parfois drôles, parfois très drôles. Mais le film n'est pas seulement à regarder comme une petite comédie humoristique. Il y a des aspects philosophiques majeurs à côté desquels il serait dommage de passer. Si le film s'appelle "Being there", Chance se contente en effet d'être là, mais c'est tout, dans le sens où il occupe l'espace, en revanche, il est là comme un poteau serait là, ou pour dire mieux un arbre. Dans ses relations avec les autres, il se contente de répondre, mais il n'y a pas de véritable échange. Est la pour le montrer et l'appuyer son rapport à la télévision : lorsqu'il regarde la télévision, les autres à côté ne sont pas si importants. Même lorsqu'une femme de déshabille devant lui, même s'il regarde un peu, il reste plus intéressé par ce qui se passe à l'intérieur de la boîte à images. La télévision justement l'empêche d'être là, d'être dans le présent, et le rend toujours ailleurs. Il semble même étranger à lui-même, n'ayant finalement aucune personnalité, cela conférent à la légèreté d'un ballon vide, ou du mime qui se contente d'imiter. En témoigne la dernière scène, où, tel Jésus, il marche sur l'eau.

Peter Sellers est parfait dans le rôle et Shirley MacLaine est sexy et touchante à la fois. Quant à Jack Warden, il est excellent dans le rôle d'un président des EU roux et impuissant (tient, ça me rappelle quelqu'un ...). Un film à voir absolument si ce n'est déjà fait.

7,5/10

Hunkarbegendi
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