Douze ans : c’est le temps qu’il aura fallu à Tim Burton pour proposer à nouveau un film sans Johnny Depp ni Helena Bonham Carter. En effet, si l’on fait l’exception d’un film d’animation, le réalisateur avait utilisé sa recette fétiche dans chacun de ses films depuis Big Fish, en 2003. Ainsi, on entre dans la salle impatient de découvrir ce renouveau dans la cinématographie de Burton. Et nul doute après avoir vu Big Eyes que celui-ci incarne une certaine rupture dans l’œuvre du cinéaste américain.
Maître du fantastique, du macabre et de l’humour noir, Burton s’aventure ici dans la réalisation d’un biopic sur la vie de Margaret Keane, artiste américaine dont l’œuvre connaît un succès planétaire à partir des années 1960. Composée principalement de portraits de personnages aux yeux énormes, son œuvre exhale d’une certaine mélancolie, élément qui a attiré Tim Burton sur ce projet pour lequel il devait à la base n’être que le producteur. Mariée à un homme qui deviendra surtout son associé, la peintre est incarnée par Amy Adams qui, pour sa performance épatante dans ce rôle, a récemment reçu un Golden Globe. Elle donne la réplique à l’excellent Christoph Waltz, qui ne déçoit pas mais dont on aurait aimé voir plus exploité l’immense spectre dramatique dont il dispose.
Au final, Big Eyes n’est sans doute pas un film extraordinaire. Intéressant et divertissant, certainement, et c’est semble-t-il tout ce que se borne à faire le cinéma biographique d’aujourd’hui. Mais il décevra probablement ceux qui s’attendaient à retourner dans un univers burtonien.
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