...me voilà entre deux chaises...
Difficile d'écrire une critique sur un film dont le scénario nous touche mais dont le réalisateur ne fait pas son boulot de manière exemplaire...
Il y a deux points de vue sur toute ce film : l'histoire réelle et bien à développer qui n'a donc pas lieu de trouver dans ses pages l'imagination débordante de son réalisateur...et d'un autre côté un réalisateur qui s'est perdu dans des frasques commerciales Disneylandesque et qu'on attend au tournant.
Déjà à ce moment là, ça coince. Je dois dire que je suis plutôt heureuse de ne pas voir "Disney" s'afficher dans les premières secondes de la projection. Savoir que Burton a repris son talent en main, produit, écrit et réalise me réjouit.
Mais dans l'autre sens il est dur de se dire que je vais voir un Burton alors que le sujet est très sérieux et que cette histoire dramatique a bien eu lieu. Il n'est pas là pour nous amener dans son monde gothique et dingue devenu trop kitsch pour être rejoué. Cette fois c'est du sérieux, on apprendra à connaitre Margaret Keane, la grande peintre dont on a volé l'art.
A aucun moment je ne me suis ennuyée. Peut être parce que le sujet me touche de trop près. Ce film, quand on aime et qu'on est dans l'art, c'est un cauchemar. La dépossession de son art est tellement violente dans Big Eyes, le personnage de Margaret se fait voler son âme et toute sa création, sa raison d'être.
Le sujet est incroyable et pourtant on ne reconnait Burton que dans certain plan, trop rares. Les couleurs pastels et les maquillages outranciers de Edward aux mains d'argent, un plan au début sur les grandes allées aux maisons alignées et colorées également...
Il y a bien la dérangeante scène du supermarché mais qui n'aboutira sur rien de plus, dommage. Parce que là aurait pu être le départ de quelque chose d'un peu plus dingue, à vrai dire c'est de cette scène là dont je me souviens le plus, parce qu'elle marque l'esprit et qu'à cet instant là je me suis dit "ah ouais c'est vrai, je regarde un Tim Burton". Mais tout cela n'aura servi à rien pour le reste du film, un vrai gâchis.
J'ai beaucoup apprécié la ressemblance terrible entre Marion Crane et Margaret Keane lors des scènes au volant de la voiture (à voir si ce n'est d'ailleurs pas une Meteor que conduit Marion)...
Waltz est insupportable, ou plutôt son personnage l'est. Son sourire est horrible, et ce dégout qu'il inspire dès sa première apparition... Encore un rôle réussi.
Adams n'est pas mal non plus bien qu'un peu pale quand Waltz est dans le plan.
En revanche la collaboration avec Danny Elfman nous emmène loin des habitudes, à aucun moment je ne me suis réjouie de l'entendre.
Bref, pour conclure je dirais que je suis contente de ne pas avoir vu un réchauffé de gothique Disney...en revanche il reste du boulot à Burton pour affirmer ce changement.