Dans ses grands yeux, Riton s'y est perdu
"Le problème, ce n'est pas que c'est mal fait ou indigent " tentait d'expliquer Riton à son ami Jojo. "Le problème c'est que le film semble brasser trop de sujets à la fois et qu'au final, on y perd en émotion, en chair et en ambition".
"Vois-tu, d'un côté, tu as Amy Adams, bonne actrice, joli minois, parfaite pour le rôle. Mais elle représente Margaret Keane comme une telle victime ! Et de l'autre, tu trouves Christoph Waltz, qui refait son numéro de bouffon absolu, grandiloquent, souvent très drôle. Et donc, tu as presque deux films en un : le premier sur la domination masculine de l'époque et l'émancipation des femmes ; le second sur l'arnaque que monte Walter Keane. Comme si les deux acteurs n'étaient jamais réellement sur le même tournage. C'est bizarre, déconnecté. Une suite de sketchs, parfois drôles, parfois émouvants, parfois tristes mais jamais vraiment incarnés.
-Ouais, je crois que je vois.
-Et toute l'idée sur la reproduction massive d'une oeuvre, par le biais de copies papiers ? Intéressante mais elle est expédiée rapidement dans le film par quelques citations de Warhol.
-Et Tim Burton dans tout ça ?
-Tim Burton s'est perdu aussi, je pense. On reconnaît un peu sa patte au début du film, avec les couleurs pastels de Edward aux mains d'argent. Mais toute la noirceur, la cruauté, le côté absurde qui faisaient le sel de ses films disparaissent au profit d'une hagiographie un peu patapouf.
-Donc bien sans plus, en gros ?
-Techniquement finement mené mais sans aucune prise de risque, oui. Comme un Big Mac bien cuit mais qu'on oublie aussitôt après.
-Bravo, Riton ! Tu progresses."