Big Eyes
6.2
Big Eyes

Film de Tim Burton (2014)

En comparaison de Big Fish et Charlie et la chocolaterie, Big Eyes apparaît comme un film plus intime, un peu comme une introspection. Ce qui ressortait le plus du film pour moi, c'est la question (ô combien difficile) du jugement en art. Malgré son succès, ses films sont-ils pour autant des chefs d'œuvres ? Sont-ils des croûtes adulées à injuste titre ? Les critiques reprochant qu'une œuvre est trop commune (comme j'en ai vu par rapport à ce film) alors qu'un public composé d'individus lambdas l'ovationne ne serait-il pas une preuve du snobisme en art ? En effet, pour moi, le critique du Times incarne les détracteurs de Tim Burton. Mais dans ce cas, la réponse qu'il leur adresserait à travers son personnage serait bien médiocre car Keane devient la risée du milieu de mondain new-yorkais (s'il ne l'était pas déjà) après, arrêtant de raisonner, avoir tenté d'empaler le critique, certes détestable, sur une fourchette. Que de chefs d'œuvres (peut-être comme ce film, on ne sait pas encore) sont boudés car trop innovants, le public lui préférant des croûtes sans aucune originalité pour ne pas sortir de ses habitudes. J'ai cru d'ailleurs entrevoir une critique du monde de l'art, trop médiatisé, monétisé et guidé par des modes décidées par des prétendus esthètes. De nos jours, l'artiste ne doit plus vendre ses œuvres mais sa personnalité, son charisme.
Doit-on privilégier le ressenti ou la technique dans une œuvre ? Etre virtuose mène-t-il vraiment à des chefs d'œuvres ?
Big Eyes est certainement le film de Time Burton le plus accessible que j'ai vu, contrairement à Big Fish (j'ai d'ailleurs remarqué que les deux titres se ressemblent, peut-être parce que les films sont en quelque sorte des antagonismes). C'est peut-être pour cette raison que beaucoup se plaignent, car trop habitués à des réalisations plus élitistes. Peut-être ce film est-il révélateur d'une remise en question de ses principes par Burton, qui cherche à évoluer vers un nouveau style, un peu comme Margaret qui doit se réinventer pour pouvoir revendiquer des tableaux qui lui soient propres.
Néanmoins, Tim Burton semble affirmer qu'il n'a pourtant aucun regret quant à sa carrière passée, comme Walter Keane.
Beaucoup de questions donc, avec la réponse dans le prochain film de Tim Burton j'espère.

Marinière
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs films de 2015

Créée

le 22 avr. 2015

Critique lue 390 fois

Marinière

Écrit par

Critique lue 390 fois

D'autres avis sur Big Eyes

Big Eyes
Jambalaya
6

Peindre Ou Faire La Moue...

J'ai longtemps attendu que Burton cesse enfin de bégayer son cinéma, qu'il soit de nouveau capable de faire du neuf avec du vieux, de rester dans un univers identifié, tout en nous montrant qu'il...

le 25 janv. 2015

56 j'aime

20

Big Eyes
EvyNadler
7

Des œufs bleus dans les yeux

??? Mais qu'est-ce qu'il raconte cet idiot du village ? C'est un 7 pour plein de petites choses. J'aurais pu mettre 5, 6, mais quand je fais l'état des lieux, je me rends compte que le résultat est...

le 24 mars 2015

55 j'aime

7

Big Eyes
Julien_Ytz_Reve
7

Un bon Burton est un Burton qui ne fait pas du Burton

Il aura donc fallu 4 ans à Tim Burton pour faire son retour... dans un quasi-anonymat! Après ses dernières (et plutôt critiquées...) réalisations, le cinéaste délivre ici un biopic au "modeste"...

le 29 déc. 2014

38 j'aime

6

Du même critique

Une belle fin
Marinière
10

Les âmes solitaires

Faire un film sur la mort peut se révéler une tâche ardue, défi qu'Uberto Pasolini a relevé avec brio, soumettant aux spectateurs un film d'une grande justesse, infiniment émouvant, épuré, jamais...

le 25 avr. 2015

2 j'aime

Juliette
Marinière
9

La maladie du XXIème siècle

A travers le personnage de Juliette, Pierre Godeau nous confronte à des problèmes on ne peut plus actuels, permettant une identification facile au personnage. Juliette est un exemple de réaction de...

le 14 mars 2015

2 j'aime

Palo Alto
Marinière
6

Moi aussi je peux faire l'excuse bidon du soutien pour draguer

Si j'ajoute le nombre de bouteilles englouties par des adolescents qui se prennent déjà pour des grands lors de leurs soirées dantesques qui est de 110 à la quantité de joints fumés par les...

le 21 avr. 2015

1 j'aime