Alors là… je suis pour ainsi dire agréablement surpris ; au sein de la dense filmographie du singulier Tim Burton on trouve en effet un certain Big Fish, adaptation (presque) éponyme du roman de Daniel Wallace, et qui ne m’attirait pas jusqu’ici.
Mais comme bien souvent, le film qui ne vous évoque rien au premier abord ne manque pas de vous étonner, et ce en bien comme dans le cas présent : ce Big Fish est en effet une véritable merveille du cinéaste, dont le style d’ordinaire macabre et doté d’un humour noir prend ici une tournure plus féerique.
En ce sens le long-métrage nous propose une intrigue digne d’un conte moderne, entre récits fantasques et péripéties burlesque vécues par Edward Bloom, le tout couplé avec brio à une trame plus familiale : cette partie davantage ancrée dans la réalité est d’ailleurs d’une justesse incroyable, du fait d’un traitement convaincant de la relation père-fils, entre incompréhension et réconciliation, ainsi que grâce à des personnages grandement attachants.
L’équilibre est alors des plus parfaits, et bien que l’on ne soit pas derechef happé par cette histoire simpliste d’apparence, on tombe peu à peu sous le charme de son propos vibrant, voire foutrement émouvant ; les tribulations d’Edward Bloom peuvent aussi laisser perplexe dans un premier temps, mais l’on adhère vite à cette figure principale surprenante, entre naïveté désarmante et volonté de fer, le conduisant à vivre de bien saugrenues situations.
Le divertissement est donc des plus particuliers, mais Big Fish alterne avec brio interludes abracadabrantesque et confrontations entre les personnages principaux, permettant à l’intrigue de poursuivre lentement mais sûrement son avancée, tout en captant notre intérêt de bout en long.
Par ailleurs, à l’excellente BO de Danny Elfman s’ajoute comme de juste une mise en scène irréprochable de Tim Burton, et surtout des interprétations de poids : toutes sont alors au service de figures bien souvent farfelues, mais la palme revient surtout au trio Finney / McGregor / Crudup, et dans une moindre mesure aux rayonnantes Jessica Lange et Alison Lohman.
Bref, déjà captivant dans son ensemble, Big Fish se paye en plus le luxe de nous époustoufler au gré de son dénouement sacrément émouvant, et l’on assiste à la conclusion d’un cheminement narratif pour le moins malin dans son genre, fort d’une sublime alchimie entre l’imaginaire et le réel.
Un énième chef d’œuvre de Tim Burton en somme, duquel l’on ressort ni plus ni moins ému, et à découvrir sans tarder !