En 1953, Ida Lupino s'attaquait à un sujet encore tabou à l'époque avec The Bigamist. Comme son titre l'indique c'est l'histoire d'un homme partagé entre deux femmes (et entre deux villes) qui se retrouve démasqué par un fonctionnaire à l'occasion d'une demande d'adoption. Une histoire somme toute très simple que la réalisatrice traite avec suffisamment de distance pour ne pas sombrer dans le mélodrame. Ce qui n'exclut pas l'émotion: on est touché par ces trois personnages magnifiquement interprétés par Edmond OBrien, Joan Fontaine et Ida Lupino elle-même), en proie à des contradictions amoureuses et sociales décrites avec beaucoup de justesse. Si le premier tiers est traité à la façon d'un film noir, jusqu'à la découverte du "crime" du héros, la suite, en forme de flash-back, est beaucoup plus mélancolique et filmée presque comme un documentaire. Une brillante et fine analyse de la vie de couple, qui n est pas sans rappeler les films de Rossellini avec Ingrid Bergman, et qui nous fait d'autant plus regretter que la plupart des autres réalisations d'Ida Lupino soient pratiquement invisibles!