Comme son titre l’indique, le film parle de bigamie, sujet neuf pour l’époque et qui est traité, non pas façon vaudeville mais avec beaucoup de sobriété, sans manichéisme, ni moralisme. Le rôle-titre, joué par Edmond O’BRIEN n’est pas un salaud, ni un séducteur mais un homme souffrant de solitude pendant ses déplacements professionnels, et faible, qui ne souhaite pas faire de peine à ses 2 femmes, l’une ne pouvant avoir d’enfants après 8 ans de mariage, Eve, 32 ans (Joan FONTAINE), vivant à San-Francisco et l’autre, Phyllis Martin, abandonnée par son ex et fragile (Ida LUPINO), vivant à Los Angeles. Le film bénéficie d’une très belle photographie en noir et blanc [due à George DISKANT (1907-1965) et dont c’est le dernier film]. Les cinéphiles apprécieront la présence dans des rôles secondaires de Jane Darwell [inoubliable Ma Joad dans « Les raisins de la colère » (1940) de John Ford, rôle pour lequel elle a obtenu un Oscar], Lilian FONTAINE (logeuse de Phyllis Martin et mère de Joan Fontaine !) et Edmund Gwenn [qui a eu un Oscar dans un second rôle dans « Le miracle dans la 34e rue » (1947) de George Seaton et qui tournera en 1955 dans « Mais qui a tué Harry » d’Alfred Hitchcock].